D’une manière générale la société a remplacé la réflexion par la consommation. Et le principal argument de vente c’est la facilité. Les voitures, par exemple sont devenues très simples à conduire, changeant de vitesse toute seule, se garant sans tourner le volant avec des bip bip dans tous les sens, y compris le remplacement du conducteur. Dans la maison les appareils de chauffage, les stores tout se commande avec un bouton. Les stores ne sont pas plus solides ou durables mais ils n’y a plus aucun effort physique à faire. Ils montent tout seuls et quand te prend le réflexe de baisser le store à la main et ben c’est la cata, tu peux le changer et là commencent les ennuis. Car les objets sont maintenant en kit et ne se réparent pas.
C’est le principe de base de la consommation. Un autre principe est le bling bling, j’entends par là des trucs très chers et qui ne servent à rien. Les voitures électrique en sont un super exemple avec comme gadget de pouvoir changer la couleur de la carrosserie.
Aujourd’hui une voiture verte, demain une voiture bleue. Dis donc t’as changé de bagnole, eh non c’est moi qui met la couleur que je veux, une pour chaque jour de la semaine.
Evidemment ils ne font pas ça sur l’entrée de gamme, que d’ailleurs la plus part des constructeurs ont supprimée, mais sur de grosses cylindrées, même si le terme est impropre, puisqu’il faudrait dire les gros watts.
A vrai dire ceci s’explique par le changement de stratégie des constructeurs automobiles. Ils ne misent plus sur le nombre avec des économies d’échelle, mais sur la marge. Or cette marge, souvent proportionnelle, augmente généralement avec le prix du véhicule. D’où l’idée de faire des véhicules électriques de plus en plus chers. Le seul point positif c’est que ce changement de paradigme veut dire que le nombre d’autos n’augmente plus, enfin chez nous.
Oui tout le marketing est orienté sur la facilité et le paraitre. La facilité c’est le téléphone et la clim et le paraitre c’est le chic vêtement, voiture, maison, bijoux tout ce qui se voit. Seulement ces deux pistes ont leurs revers de médaille. La facilité entraine l’inaction physique et mentale et le paraitre le superficiel et la frivolité. Certes le travail de bureau ne date pas d’aujourd’hui, mais les activités sédentaires et le presse-bouton ont amené une absence quasi totale d’activité physique dans les pays riches. Pour le mental j’y reviendrai. Voila du coup que fleurissent les clubs de gym, le jogging avec ses dangers en particulier pour les femmes, la rando, le vélo d’appart. Avec là aussi des offres XXL, le trek asiatique le surf pacifique, le trial australien, la plongée maldive. Sans résultats bien sûr puisque la société de la consommation révèle ainsi le vice de forme de son algorithme : ne jamais s’attaquer à la source mais seulement aux effets. C’est peut être un principe homéopathique, mais en société ça ne marche pas.
Et là nous rejoignons les effets mentaux de la facilité, car ne pas s’attaquer aux causes empêche de réfléchir. Oui les effets c’est simple, c’est ce que l’on voit, c’est même facile à voir qu’il y a beaucoup de gens en surpoids mais pour en soigner la cause aucun effort n’est fait car ça diminuerait la consommation.
Clairement il est important, pour le business, que personne ne réfléchisse et tout est fait pour cela avec les médias, dans les entreprises, à l’école. Surprise cela affecte aussi la recherche. Je viens de lire ce matin que le nombre de publications scientifiques disruptives, c’est à dire qui amènent un saut qualitatif est continuellement en baisse. C’est fondamental puisque ça remet en cause la religion de la fuite en avant avec son idée que la société libérale trouvera toujours une solution à tous les problèmes.
J’insiste beaucoup sur l’importance de la réflexion pour orienter les activités humaines. Notre avenir n’est pas dans la technologie, les découvertes, l’innovation, il est dans notre tête, c’est à dire dans notre capacité à mettre trois idées en ordre pour maintenir du vivant sur terre, pour comprendre qu’il y a des asymptotes à la population humaine comme à celle des animaux et d’une manière générale à tout ce qui a besoin d’énergie pour vivre.
Michel Costadau
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