Messieurs les dirigeants, il est clair que vous ne maîtrisez pas du tout la crise sanitaire que nous connaissons. Visiblement vous n’avez pas la situation en main, elle est loin d’être sous contrôle. Au lieu d’inspirer la confiance et l’apaisement, vous suscitez de plus en plus la défiance et l’inquiétude.
En fait vous ne savez pas combien de victimes il y aura, ni même l’ordre de grandeur, voire si tout le monde ne va pas y passer. Vous ne savez pas quand cela va se terminer, ni si les mesures prises sont de nature à favoriser ou empêcher un rebond. Vous n’avez strictement aucun critère pour juger de l’efficacité de telle ou telle mesure. Vous appliquez des formules mathématiques, sans connaître leur degré d’adéquation à la situation. Et ce n’est pas d’aplanir les courbes qui diminue leurs surfaces. Vous allez encore repousser le second tour des municipales et à mon avis mettez-le dans un an ce sera plus sûr.
Clairement les mesures de confinement variable que vous avez prises ne sont pas du tout suffisantes. Il est facile de comprendre que l’approvisionnement des grandes et des petites surfaces, des centrales d’achats, des hôpitaux, des exploitations agricoles et d’élevages, des répartiteurs, des officines, des stations-services, des casernes, des bases militaires, des préfectures sans parler des transferts entre hôpitaux, de la distribution du courrier et de tous ceux qui continuent à aller et revenir de leur travail fait circuler nationalement et internationalement de multiples véhicules et personnes transportant le virus partout dans le pays.
Les mesures efficaces, établies suite aux précédentes épidémies, reposent sur le cloisonnement, la détection et le confinement des porteurs.
C’est principalement les mesures de cloisonnement qui permettent d’éviter l’explosion épidémique. C’est ce qu’on fait immédiatement les pays du Nord. Mais comment isoler par exemple un département quand il n’est autonome en rien puisque la concentration des moyens de production est l’arme absolue du libéralisme depuis 100 ans. La mondialisation a bon dos quand toutes les décisions françaises sont prises à Paris, pour tout le monde alors que la situation n’est qu’un ensemble de cas particuliers qui auraient demandé des mesures locales et adaptées. En fermant une partie de la vie sociale, écoles, restaurants, commerces, entreprises vous avez peut-être ralenti la propagation, mais vous avez surtout allongé la durée de l’épisode épidémique. Jusqu’à quand ? Vous ne le savez pas !
Vous semblez vouloir faire comprendre à la population que le fait de ne pas bouger de chez soi les met à l’abri du virus. C’est faux, parce que par exemple les maisons de retraite, où il est clair que les gens restent complètement chez eux et ne quittent pas leur chambre, sont le siège d’une rapide propagation. Vous allez dire que c’est une population à risque, mais alors si c’est le cas pourquoi une détection systématique n’a pas été faite. D’ailleurs confiner, sans détection, les patients des maisons de retraite revient à les enfermer dans le couloir de la mort.
Non seulement vous ne maîtrisez rien mais vous hypothéquez l’avenir de millions de citoyens. Nous, nous savons déjà que beaucoup de petites entreprises, indépendants, commerces et artisans vont fermer. Nous savons que le chômage va augmenter par milliers, peut-être millions. Nous savons que les prix vont augmenter, c’est déjà commencé, et que c’est pour cela que les entreprises vont subir un choc qui ne pourra pas être compensé par de l’argent, parce que c’est d’avenir, de confiance dans l’avenir dont a besoin la population. Vous, vous appelez ça la récession, nous nous l’appelons la misère.
Alors à défaut de pouvoir faire quelque chose d’intelligent, faites la seule chose indispensable pour la santé mentale de notre pays qui est de supprimer ces attestations de déplacement puériles et inutiles.- Je vais faire des courses – Je suis chez le médecin – Je promène le chien.
Ceux qui doivent se déplacer le font déjà et il y en a beaucoup, et ceux qui veulent contourner ont déjà compris comment le faire et sont de plus en plus nombreux. Faites-le vite.
Michel Costadau
Comments are closed.