Lu sur Acteurs Publics, le site des élus et des technocrates : « Ce que l’on attend d’un décideur public, c’est qu’il agisse en toutes circonstances au service du bien commun ». Ah ! que c’est beau, que c’est beau, que c’est beau. J’en reste pantois. Voila que les politiques se mettent au service du bien commun. On se pince pour être sûr qu’on ne rêve pas, mais non on a bien lu. Les politiques vont penser en toutes circonstances à l’intérêt général, au bien de tous. Bien sur c’est une formule et donc il ne faut peut-être pas la prendre au mot, mais quand même, bien commun ça doit vouloir dire quelque chose comme « ce dont tout le monde peut profiter ». Les élus et les technocrates ont, maintenant, comme souci que leur action procure des résultats dont tout le monde peut profiter.
Parce que, pour être réaliste, des agissements des politiques qui profitent à tout le monde, c’est vrai que ça fait bien longtemps que l’on n’a rien vu venir. Mais attention, c’est nouveau, à partir de maintenant, l’action publique va en toutes circonstances servir au bien commun. Par exemple, des trucs comme le droit à la retraite à 60 ans, y en a qui l’ont déjà, eh bien à partir de maintenant tout le monde va en profiter. Ou le salaire minimum, bien sûr y en a qui ont déjà plus, eh bien à partir de maintenant tout le monde aura au moins ça. Ou encore, la gratuité des soins, y en a qui l’ont, ça c’est vrai, eh bien à partir de maintenant tout le monde va l’avoir. Ah oui, j’allais l’oublier, le travail, l’emploi, y en a qui en ont mais d’autres pas, eh bien à partir de maintenant tout le monde va avoir un boulot.
Je me demande si ce n’est pas trop beau pour être vrai. J’essaie vraiment d’y croire mais il doit y avoir un truc.
Oui, évidemment, la phrase dit « ce qu’on attend… », ça veut dire que pour le moment ce n’est pas le cas. Eh oui la phrase veut dire que c’est ce qu’on aimerait, parce que ce n’est pas le cas. En fait c’est un vœu pieux. C’est même plutôt un mensonge, puisque clairement aucun décideur public n’agit dans le sens du bien commun, aucun politique n’agit dans l’intérêt général. Tous ils agissent uniquement dans leur intérêt et dans celui de leurs amis, que dans d’autres billets on désignait comme leur écurie. En fait, il y en a qui essayent d’agir pour le bien commun, mais manque de chance ils n’ont aucun pouvoir et pas d’amis.
C’est vrai que des belles phrases comme ça, les discours et même les écrits en sont pleins, ça fait partie de la farce électorale. Le discours puissant de la COP21 se tient en parallèle avec la relance de NDDL. Le discours sur le droit au travail se tient en même temps que les lois sur le salarié jetable.
Vous le saviez déjà qu’il ne faut pas croire ce que racontent les politiques, mais seulement regarder ce qu’ils font. Et, en fait, ils ne font pas que des discours, ils agissent continument, froidement pour asservir la population au bon vouloir de la finance. Et là on a peur, parce qu’il n’y aucune limite à leur pouvoir, le parlement est croupion, il n’y aucune opposition, les syndicats coopèrent activement, la rue est méprisée et les intellectuels sont muets. Quand on y réfléchit, ça donne le vertige la manière dont les politiques ont détourné les composantes démocratiques de nos sociétés. Que faire n’est pas évident, mais continuer à voter est suicidaire. Mais il y a quand même une idée : ce serait d’échanger la reprise du vote contre une simple mais symbolique réforme politique comme la proportionnelle ou le mandat unique. On va en reparler.
Michel Costadau
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