Allez on revient à la présidentielle pour faire un bilan d’étape. On va dire que c’est le sujet du moment, même s’il se passe des choses beaucoup plus importantes que ça dans le monde. Bon alors quelle est la situation ? Eh ! Eh ! il ne s’agit pas du tout de crier victoire, mais nous sommes en tête, les non-votants sont presque 1/3 des électeurs. Bien sûr la machine électorale considère que beaucoup sont des électeurs potentiels pas encore décidés, mais ne boudons pas notre plaisir : l’abstention progresse considérablement.
Alors certains n’hésitent pas à dire que dans la pagaille actuelle il est normal que les gens soient un peu refroidis mais que, quand ça redeviendra normal, l’abstention baissera. Euh… je ne vois pas ce que la situation actuelle a d’anormal. Elle ne redeviendra pas normale, c’est ça la normale. Les candidats ont toujours été ridicules, la télé matraque à tout va pour faire croire qu’il se passe quelque chose et les ralliements vont au plus offrant. La routine habituelle quoi, la routine. Mais par contre, que certains électeurs ne se sentent plus concernés par le cirque médiatique qui soutient cette élection, je ne vois là que de la saine prise de conscience.
Et cette prise de conscience se développe avec une grande logique.
D’abord la non-candidature de Hollande. Il a fait là une erreur de plus, en espérant que c’est la dernière. Il faut croire qu’il a été poussé par des réseaux plus puissants que les siens, mais néanmoins il a complètement plombé la primaire socialiste en empêchant un vrai débat sur ce qu’a fait le gouvernement depuis cinq ans. Maintenant il pleure sur les dégâts, mais le mal est fait et bien fait. Et voilà quelques électeurs dont la conscience s’est réveillée et qui n’iront pas voter.
Ensuite, l’élimination de Juppé. Les Français voulaient Juppé. Ils attendaient le duel Juppé-Le Pen. Ils souhaitaient une confrontation pour pouvoir choisir entre droite nationaliste et droite libérale. Hélas la mafia catho a frappé et la droite se retrouve empêtrée dans un vaudeville dont ils ne sont pas du tout sûrs de sortir vainqueurs. Et voilà, encore, quelques électeurs dont la conscience s’est réveillée et qui n’iront pas voter.
Aussi le rôle trouble des candidats éliminés aux primaires. Ils ont beaucoup de mal à se rassembler derrière celui qui a été choisi. Mais ils oublient que si ça avait été eux les vainqueurs, ils auraient tenu à ce que tous les autres les soutiennent à fond. Je pense en particulier à Sarkozy et Valls qui sont passés de prétendants à disparus avec beaucoup de mauvais esprit. Et voilà, encore, quelques électeurs dont la conscience s’est réveillée et qui n’iront pas voter.
Enfin les francs-tireurs qui ont délibérément sauté la case primaire pour profiter uniquement des sondages. Mélenchon et Macron forment un duo pittoresque en proposant des approches symétriques. Le premier en voulant n’être avec personne et le second en voulant être avec tout le monde. Avec Bayrou ils ont inventé cette figure dite du hors système ou de l’antisystème qui ne veut strictement rien dire, puisque ce qu’il faudrait qu’ils disent c’est hors du système financier, mais ils s’en gardent bien car, hélas, ils en sont les plus fidèles supporters. Alors ils disent hypocritement : le système. Et voilà, à nouveau, quelques électeurs dont la conscience s’est réveillée et qui n’iront pas voter.
En plus, la rationalité du vote a volé en éclats. Les seuls qui votent pour un candidat sont les électeurs de Le Pen. Tous les autres votent contre un ou plusieurs candidats. Les électeurs de Fillon et Macron votent contre Le Pen, ceux de Hamon et Mélenchon contre Fillon, Macron et Le Pen. Alors ceux qui cherchent, ce qui parait logique, à voter pour leur candidat ne le trouvent pas. Et voilà, encore, quelques électeurs dont la conscience s’est réveillée et qui n’iront pas voter.
Et nous, nous ferons pareil.
Michel Costadau
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