Quand on fait quelque chose, il y a en général une raison. Bien sûr on peut avoir certains comportements sans raison, plutôt par réflexe ou par habitude, sans y penser. Mais il s’agit en général d’actions ou d’attitudes répétitives, quotidiennes ou régulières. Et donc la plupart de nos actions significatives ont une justification, un rationnel. Mais ce lien de causalité est, en fait, non seulement invisible mais en plus fugitif. La réalité efface les causes, seule l’action elle-même et son résultat laissent des traces. Et c’est un gros problème, parce que l’observation, même attentive, d’une situation ou de l’état d’une personne permet rarement d’identifier le cheminement des causes, l’origine de cette situation. On constate, on peut même prendre des photos, mais quant à savoir le pourquoi, il y a quelquefois pas mal de difficultés. D’autant plus qu’il peut y avoir un enchaînement, une cascade de causalités.
Le cas le plus simple c’est quand la personne se souvient du pourquoi et est en mesure de le dire. Ça simplifie beaucoup de choses. Mais c’est rarement le cas, parce que le temps dilue rapidement les souvenirs. C’est pour cela que, en théorie, la justice juge la cause et non le résultat. Car, concrètement, la cause est la seule et vraie origine de l’acte. Et la recherche de la cause est un métier à part entière. Ainsi, avoir volé pour s’enrichir ou pour nourrir son enfant n’est pas traité de la même manière. On peut être innocenté après un meurtre ou, au contraire, condamné rien que pour avoir prononcé des paroles. Une fois trouvée ou identifiée, la cause éclaire la situation d’une manière imparable. Pour rester dans le registre de la justice c’est pour cela que l’obtention des aveux a si grande presse chez nous. Parce que d’un seul coup tout devient limpide c’est-à-dire compréhensible ou presque.
Hélas, cela c’est la théorie et trop souvent la justice ne veut considérer que le résultat de l’acte, c’est-à-dire seulement l’effet de la cause et non la cause elle-même. Un exemple est donné par les incendies de Californie. Souvent ces feux partent des lignes électriques qui, soit touchent des arbres, soit sont tombées dans les broussailles. Même si c’est l’étincelle entre les câbles qui lance le feu, cela n’est possible que parce que la végétation n’est plus entretenue, ni les sous-bois, ni les chemins. Mais la justice américaine ne veut voir que les câbles. On comprend bien que cette attitude n’est pas de nature à diminuer les incendies, puisque leur cause n’est pas combattue. Et même si ça arrive ça vient trop tard.
Clairement, combattre quelque chose c’est combattre ce qui lui a donné naissance, sa cause. En fait, nous sommes tous concernés par cette affaire de causalité. Bien sûr dans le domaine professionnel, mais aussi dans la sphère personnelle. Chaque fois que quelqu’un vient vous demander quelque chose, il est important de se poser la question : mais quelle est sa vraie motivation ?
Vous le savez j’applique régulièrement cette règle et, en particulier, dans le domaine politique c’est indispensable. Or, vous le savez, les politiques ne combattent jamais les causes et donc ne combattent jamais rien puisqu’ils se contentent d’effacer ce qui les gêne. Et c’est pour cela que rien ne change. Il faut alors se poser la question : comment les politiques en sont arrivés là ? C’est quoi la cause de tout cela ? Moi j’ai la réponse.
Michel Costadau
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