Voila que plusieurs d’entre vous me disent que je me trompe de cible en visant les politiques, parce qu’en fait le véritable pouvoir est détenu par la finance et que c’est donc elle qu’il faut attaquer. Est- ce que c’est Bolloré et Meyers-Betancourt qui gouvernent ou est-ce Hollande et Hidalgo. Ca paraît logique mais c’est un faux ami. Qu’il faille réduire le pouvoir de la finance, c’est clair, c’est nécessaire, c’est urgent ; mais attention, c’est d’abord, aux politiques de le faire, parce que concrètement nous les avons élus pour ça, pour nous défendre, pour nous représenter, pour nous protéger … entre autres de la finance.
Bien sûr, je constate avec vous qu’ils ne jouent pas ce rôle, qu’ils nous trahissent et qu’ils nous racontent des histoires. Et donc ils ne font rien contre la finance, bien au contraire puisqu’ils hébergent et protègent Malte, Luxembourg et bien d’autres Liechtenstein. Alors c’est à nous de le faire ? Eh bien non car il ne faut pas mélanger les effets et les causes. Dans le domaine médical on a toujours tendance à soigner le symptôme : fièvre, boutons, toux plutôt que la cause : microbe, virus, allergie. Il ne faut pas faire pareil en politique.
C’est un fait que la finance a du pouvoir, c’est ce que l’on voit tous les jours. Mais c’est le symptôme, car la cause c’est que les politiques leur ont donné cette place, leur ont permis de dominer notre pays. Plus exactement, les politiques ont créé un couple avec la finance dans une relations gagnant/gagnant.
Les politiques gagnant le soutien des médias, du pouvoir, des inaugurations à tout va, de l’argent de poche, des cadeaux et, suprême hypocrisie, la paternité de la création d’emplois.
Les financiers gagnant la mise à leur disposition des lois de la république et des règlements administratifs, la clémence de la justice, l’aura de la création d’emplois et le contrôle de la classe politique par l’argent.
Il nous faut bien comprendre que tant que les politiques ne joueront pas leur vrai rôle de représentants et défenseurs de la population, ce qui d’ailleurs s’appelle tout simplement la démocratie, nous ne pourrons rien contre la finance.
Bien sûr, il va se trouver des politiques pour nous dire qu’ils veulent diminuer le pouvoir de la finance. Y en a même pour qui en ont fait leur fonds de commerce. Seulement, de ces promesses-là nous en avons de pleines valises et elles nous lassent, elles nous plombent et finalement elles nous énervent. Le temps n’est plus à faire confiance au moindre de ces gens-là. Non, le temps est venu de les mettre en devoir de passer aux actes et de faire des réformes avant que nous votions et non après.
Lutter contre la finance, c’est le grand challenge des années à venir. Pour ça nous avons besoin que les politiques fassent des lois démocratiques et les fassent appliquer. Hélas, faire des lois est devenu pour eux une activité médiatique comme les autres, car leur but n’est jamais de résoudre le moindre problème mais de faire parler d’eux. On le voit bien avec tout l’arsenal de lois contre le terrorisme, contre le chômage ou pour la libéralisation de ci ou de ça qui, en fait, ne servent à rien du tout. De plus, la lutte contre la finance est de dimension mondiale et chaque pays est faible devant la puissance de l’argent. Mais il faut commencer et nous devons montrer qu’on ne peut pas bafouer la démocratie indéfiniment. Nous avons probablement la classe politique la plus hypocrite et technocratique du monde, et nous ne devons plus voter pour elle.
Michel Costadau
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