Je suis un peu surpris que personne ne parle, ni même n’évoque, la cohabitation qui est en train de se mettre en place. En fait je suis gentil quand je parle de cohabitation, parce que ça pourrait être une opposition beaucoup plus frontale, mais bien sûr ce ne sera pas le cas.
Oh ce n’est pas du tout celle entre le président et l’assemblée ; là c’est plutôt la lune de miel qui dure ce que chacun sait. Mais, une chose est sûre, un parlement croupion n’a jamais fait avancer un pays.
Non je veux parler de la cohabitation avec ce qu’il est convenu d’appeler les collectivités territoriales. Il est facile de comprendre que le nouveau parti au pouvoir n’a aucun élu dans les Conseils régionaux, ni dans les Conseils départementaux, ni dans les Conseils municipaux de nos chères communes. Ni même et c’est assez marrant dans le Parlement européen.
Maintenant si nous prenons notre région, dirigée par des socialistes patentés, élus avec un programme dit socialiste et qui comprend aussi des écolos et beaucoup de FN, la question est la suivante : quelle est la politique de notre région. J’ai pris un cas socialiste mais c’est la même chose pour une région républicaine. Car, à une exception près, toutes les régions françaises sont aux mains des socialistes ou des républicains. C’est la même chose pour tous les départements, ainsi que pour les grandes villes et même les moyennes, car seuls les villages ne sont pas politisés.
Alors, revenons à la question : quelle est la politique de notre région. La réponse est simple : aucune. Ou plutôt c’est ce qu’il est convenu d’appeler une politique régionale, ce qui ne veut rien dire, pas plus qu’une politique départementale, ou municipale. En fait ça consiste tout simplement à gérer les affaires courantes et ça ne change rien, que ce soit socialiste, républicain ou même frontiste, sauf bien sûr pour ceux qui profitent. Bien évidemment on ne peut pas dire que le choix du tram ou du métro soit un choix politique, mais ça profite à quelqu’un.
Maintenant le point que je veux faire ressortir c’est que cette cohabitation illustre clairement les deux étages de notre vie publique. En haut, le Gouvernement et le Parlement qui gèrent le pays depuis leur cocon, c’est-à-dire dans l’entre-soi de la classe politique et en bas nous, c’est dire les citoyens et les territoires qui sommes uniquement le terrain de jeu des gens d’en haut. Je l’ai déjà dit, des régions et des départements sans force législative non seulement ce n’est pas démocratique mais c’est la porte ouverte à l’exploitation centralisée. Il n’y a pas de Parlements régionaux ni départementaux, il faut qu’il y en ait. Sinon nous n’avons que des gestionnaires plus ou moins qualifiés et surtout plus ou moins corrompus selon les secteurs. Pour la petite histoire, la région vient de lancer des réunions pour le futur « Parlement de ma montagne ». Bien sûr ce « Parlement » n’aura pas le moindre pouvoir législatif. Non ce n’est pas une blague c’est juste pour illustrer que le déficit démocratique, c’est-à-dire en l’occurrence l’absence de pouvoir politique des élus territoriaux, est tellement criant qu’il faut recourir à des ruses verbales pour le masquer.
Alors, est-ce que cette dichotomie ou cette coupure politique, si vous préférez, va donner quelque chose d’intéressant ? Visiblement elle n’a réussi ni aux socialistes ni aux républicains dont personne n’a approuvé l’entre-soi coupé de la réalité, depuis vingt ans. Et il y a de fortes chances qu’elle ne réussisse pas plus à ceux qui ont voulu prendre leur place et qui se retrouvent bien seuls.
Michel Costadau
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