La mode est à la composition. Il paraît que nous sommes en train d’assister à une recomposition du paysage politique. Vous noterez que quand je dis assister c’est bien pour marquer que l’on attend de nous que nous soyons des spectateurs et non des acteurs. Sauf que justement, pas de bol, c’est nous qui votons. Et c’est donc nous qui devrions être acteurs. Au lieu de ça on assiste à un spectacle son et lumière donné par la classe politique et dans lequel le seul rôle qui nous reste c’est d’applaudir et dire encore encore.
Alors, que les électeurs veuillent sortir du jeu le PS et LR, ça c’est vraiment bien et c’est ce que je demande depuis plusieurs années. Mais qu’ils veuillent les remplacer par les mêmes, là y a un truc qui m’échappe, parce que ce n’est pas tel ou tel parti mais c’est la classe politique qui pose problème, et les mêmes étant les mêmes je ne vois pas où est le bienfait. Il est vrai que le schisme vient d’en haut, le même étant le même. Si en plus on parle de lui comme du dauphin, je me demande dans quel régime nous sommes tombés.
Bien sûr, et heureusement, il y en a quelques uns qui disent assez assez, mais ceux-là n’ont pas leur place dans les médias. Ou plutôt si, ils ont leur place mais uniquement pour les critiquer et jamais pour faire sérieusement état de leurs arguments. D’ailleurs il n’est plus question d’arguments il n’est question que de publicité.
Dans ce genre, le dernier truc que je viens de lire me laisse pantois : « Le gouvernement a préparé minutieusement les 100 jours après les législatives ». C’est présenté comme une information au même titre que les morts de Téhéran. Et pourtant c’est le top de la désinformation.
D’abord, ça ignore l’étape législative, comme si le résultat était déjà acquis, à savoir une majorité présidentielle de godillots. Du coup, l’élection législative, c’est-à-dire le choix de la représentation populaire devient un évènement mineur, comme s’il n’y avait plus d’élection. Et un pays dans lequel il n’y a plus d’élection, je ne sais pas comment l’appeler, mais certainement pas démocratie. D’ailleurs j’ai lu aussi que dans l’attaque sur Raqqa il y avait les Les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes, c’est vous dire où va se nicher la démocratie.
Ensuite, ça ressemble à un scoop : quelqu’un de très bien informé dévoile presque une botte secrète : des chose sont préparées, on ne sait pas lesquelles mais elles sont prêtes. C’est rassurant. Ca ne sera pas la pagaille. Un programme va se dérouler. Heures après heure, jour après jour tout est prévu. On ne sait toujours pas quoi mais c’est prévu, et c’est ça qui est important parce que ça veut dire que la situation qu’on ne connaît pas non plus est maitrisée d’avance.
Enfin c’est une prouesse de désinformation : ce n’est pas le contenu qui compte, c’est la forme, l’image évoquée, le message subliminal. On dirait de l’info mais ce n’est que de l’intox. On a déjà dit que les médias sont aux mains de la finance et qu’ils nous font croire ce qu’ils veulent, mais on doit aussi rappeler que les Français sont des veaux, si non ça ne marche pas. Elevés sous la mère, label rouge – belle arnaque ça aussi-, et bientôt bio, mais des veaux quand même.
Du coup, en fait de recomposition, c’est plutôt de la décomposition. J’espère que l’on n’est pas en train de retourner au parti unique, comme en 58. Parce que, absence d’élections, parti unique et président non responsable, c’est exactement le tiercé gagnant de la dictature. Dictature de la finance bien sûr mais dictature quand même, comme en Afrique.
Alors avec notre famille politique régnante ce serait bête qu’on nous confonde avec les régimes africains. Il est vrai que c’est nous qui les avons inventés mais il n’y a pas de quoi être fiers.
Et puis, après tout, pourquoi ne pas être en accord avec la réalité. Ce n’est plus l’Europe de l’Atlantique à l’Oural, c’est la finance de Paris à Dakar.
Michel Costadau
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