Bernard, c’était mon voisin, c’était mon ami et c’était la musique. C’était un voisin passion musique, ça c’était lui et passion spectacle aussi. Ca ne plaisait pas toujours à Danielle mais c’est comme ça qu’ils se sont connus. Les bals, les concerts, les répet et la danse. Oui ce sont des enfants de l’époque yéyé. Aux jeunes ça ne dit pas grand chose mais les anciens s’en souviennent, il y a eu une époque où la musique est arrivée dans les maisons. Oh ce n’était pas la radio qui était déjà là depuis longtemps mais restait campée sur le classique ou le populaire. Non le pick-up, le tourne disque, le 45 tours. Bernard est né avec le 45 tours. Et il l’a gardé toute sa vie.
Bernard c’est aussi les oiseaux et la volière. La volière avec des arbres à l’intérieur, des masques africains comme nids, des lames de faucheuses comme perchoirs, des tuiles pour abriter les caisses grillagées. Et des oiseaux, des pigeons, des perruches, des moineaux, des colombes, des poules. Pour les œufs mais aussi pour le poulet et le pigeonneau. La journée la volière était ouverte et certains pensionnaires sortaient, d’autres pas, mais ils les connaissaient tous. Le soir fermeture des portes avec une grosse pierre. Ca n’empêchait pas quelques rodeurs et pas mal de rongeurs de s’attaquer à la forteresse mais ça résistait quand même.
Je crois qu’il y avait aussi des lapins dans la volière.
Les poules et les chasseurs ne faisaient pas bon ménage, à causes des chiens. Il y a eu quelques sévères gueulantes bien méritées, mais c’était plutôt Danielle. Bernard ne criait pas souvent, mais il chantait sur ses casettes et il aimait chanter.
Passion musique oui, Bernard savait classer les chansons et les musiques en fonction des années. Sixties ou années 80. Disco ou musette prenaient place dans sa tête et dans ses casettes. Quand il rencontrait ou recrutait un musicien il ne lui demandait pas ce qu’il savait faire, non il enclenchait une casette et lui disait : est ce que tu sais jouer tout ça ? La réponse était rarement positive parce qu’un peu trop radicale mais il avait confiance dans ses enchainements pour animer un bal ou un thé dansant.
Il avait commencé dans la vente, c’était un bon vendeur, car il aimait les gens et ils les intéressaient jusqu’à ce qu’ils achètent. Il aimait la nature en fait.
Et les poissons rouges dans la mare. C’était plutôt un bassin avec une toile de bâche au fond pour garder l’eau. Et de l’eau il y en avait et des centaines de poissons. Au milieu trônaient des nénuphars avec leurs jolies fleurs roses sous lesquels se cachaient les poissons, les grenouilles et surement d’autres insectes. De temps en temps une grue ou un héron venait faire son marché. Alors il y avait un filet pour les empêcher de mettre les pieds dans l’eau. Parce que ces oiseaux sont prudents, ils se posent sur le bord et ils regardent combien il y a d’eau et s’il n’y a aucun obstacle, d’un coup d’aile ils se mettent dans la mare et commencent leur repas.
Bernard, c’était notre ami, disponible, souriant et il racontait des histoires. Et maintenant la maladie l’a rattrapé et il nous a quitté. Lui est parti mais les souvenirs restent. Merci Bernard.
Michel Costadau
Comments are closed.