Pour Raymond Borraz – samedi 27 août 2022 – Cimetière d’Appelle – 16h00
Hommage de Christophe Pouyanne
Mon cher Raymond,
Jʼai plusieurs bonnes nouvelles pour toi, la première c’est que tu vas rejoindre Françoise, dans ce petit et bucolique cimetière d’Appelle, à l’ombre de ses immenses cyprès. C’est un endroit paisible et c’est bien de vous savoir reposer ici tous les deux.
L’autre bonne nouvelle, c’est que ton esprit jovial et souvent malicieux, libéré de cette enveloppe charnelle qui nous encombre, va pouvoir flotter librement dans les airs tout comme l’esprit de ce palmipède librement enchainé dont tu étais gourmand, avec sa verve satirique que tu partageais avec plaisir.
Cet esprit borrassien donc, sois en sûr, continuera à souffler dans ces collines de cocagne pendant longtemps et même qu’il pourrait aussi retourner dans ces contrées que tu aimais bien : de la Toscane tarnaise à la Toscane italienne, flotter au dessus des tours de Manhattan ou déguster une Zarzuela sur les ramblas de Barcelone…
Mon cher Raymond, tu as tiré ta révérence après une bonne vie, c’est bien mais cela a des conséquences :
qui va corriger les fautes d’orthographe et d’accords du participe passé des discours du Maire ?
qui va nous écrire des textes piégeux pour notre dictée annuelle?
qui va nous commenter l’actualité avec des bonnes blagues sur le parking du fournil, un bon pain sous le bras?
Bon, Ne t’inquiètes pas, on va se débrouiller pour tout ça … mais c’est une façon de te dire à toi à tes enfants Olivier, Hélène et petits-enfants Samuel, Baya, liv, Drahman que tu vas nous manquer. Avec ce temps sec, cette chaleur, les cyprés, les cigales … on se croirait en Provence dans du Pagnol, comme disait Marius à César :
«Raymond, on t’aimait bien tu sais …»
Hommage d’Edwige Malberg
Raymond, cher Raymond,
Qui désormais corrigera nos fautes de français et nos fautes d’orthographe maintenant que tu es parti ?
Tu nous laisses orphelins, tes enfants, tes petits-enfants et nous aussi tes amis.
Tu laisses derrière toi un grand vide. Notre tristesse est immense. Ton absence va être à la mesure de ce que fut ta présence.
Mais Raymond qui avait une personnalité solaire n’aimerait sûrement pas que notre tristesse ait le dernier mot, lui qui savait si bien célébrer la vie.
Aussi, repassons chacun dans notre cœur tous les souvenirs de moments heureux partagés avec lui ; il y en a eu beaucoup.
Pour moi, ce furent avec lui et Françoise les rencontres philosophiques, d’abord à Durfort dans les années 90, puis au café philo de Puylaurens pendant une petite dizaine d’années dont il fut un fidèle.
Raymond s’était attaché la sympathie et l’amitié de tous les participants par sa bonne humeur, ses remarques percutantes et ses vives réparties, son humour, ses blagues, son esprit pétillant et par dessus tout par sa vaste culture historique et politique.
Pas un événement, pas une manifestation d’Appelle où Raymond n’ait été présent tellement il avait le sens de l’amitié et du partage. Il faisait intégralement partie de la vie du village, ce village communautaire exemplaire par l’esprit convivial qui y règne et par la créativité qui s’y exprime.
Nous partagions Raymond et moi, outre l’amour de la langue française, le goût du cinéma et nous sommes quelquefois allés ensemble voir quelques films, le plus souvent des films qui évoquaient la période du franquisme, période qui a durablement et profondément marqué sa vie, lui enfant de la Retirada et qui le resta jusqu’au bout de sa vie.
Autre signe de notre amitié : Raymond n’hésitait pas une seconde à m’engueuler copieusement quand je la ramenais avec ma technophobie, lui qui était familier et à l’aise avec l’informatique dont il appréciait les possibilités infinies qu’elle offre.
On ne se rencontrait jamais sans plaisanter d’une chose ou d’une autre tant il avait un caractère joyeux.
Nous ne perdons pas seulement un ami très cher mais aussi un champion d’orthographe et nous n’aurions manqué pour rien au monde la dictée qu’il organisait chaque année en décembre où nous nous retrouvions une bonne vingtaine dans une joyeuse ambiance à se casser la tête sur des orthographes alambiquées.
Il y a eu les années difficiles : la maladie lente mais inexorable de Françoise et sa mort. Raymond les a traversées avec courage, faisant face avec une relative sérénité.
On sentait un homme solide et équilibré. Quand quelque temps après la mort de Françoise, il s’est peu à peu relevé de son deuil et s’est organisé une bonne vie qui respirait l’harmonie entre la marche matinale, le jardinage, les bains dans la piscine, les voyages dont celui tout récent à New York dont il a été si heureux ; « une ville fascinante et monstrueuse » disait-il.
Nous ses amis, nous nous réjouissions et admirions comme il avait su repartir dans le flot de la vie après l’épreuve de la perte de sa femme.
Vous, sa fille, son fils, ses petits-enfants dont il nous parlait souvent, nous ses amis, après la sidération de sa mort brutale et la tristesse du deuil ; à sa suite, pour lui, pour le bon vivant, le grand vivant qu’il fut, nous continuerons de célébrer la vie qu’il aimait tant.
Je voudrais finir sur une note d’humour : A chacune de nos rencontres philosophiques, nous avions droit à une bonne blague. Je me rappelle celle-ci : Il disait : « Moi, je voudrais aller au paradis pour le climat et en enfer pour la compagnie. »
Parions qu’il a été exaucé et qu’il jouit à présent et d’un bon climat et d’une bonne compagnie.
Hommage d’Olivier Borraz
Trop peu de temps pour préparer ce discours, il m’a manqué quelques années …
Remerciements à tous d’être venus aussi nombreux, beaucoup étaient déjà là il y a trois ans pour maman, quelques-uns nous ont quittés depuis. Une pensée particulière pour Valdo et Bernard.
Certains n’ont pas pu venir mais nous ont écrit pour dire leur immense tristesse (Christian et Françoise Léonhard, Lievin et Marie-Thèrese Deporter, Michel Alliaga, …).
Me gustaría dar un agradecimiento especial a nuestros primos que vinieron desde Calanda y Zaragoza para rendir homenaje a papá. Su presencia aquí hoy es muy conmovedora.
Papa a eu une belle vie, il nous l’a dit à plusieurs reprises dans ses derniers jours.
Une vie pourtant marquée par un drame initial, le décès de son père lors de la bataille de Belchite en 1937, la fuite d’Espagne avec sa mère et sa sœur lors de la Retirada, l’arrivée en France en 1938 dans des conditions difficiles. Mais très vite, des personnes extraordinaires sont venues à leur aide et leur ont permis de construire une nouvelle vie. Papa en parlait souvent avec émotion, car ces bonnes sœurs, cet instituteur, ce pasteur, et d’autres encore, leur ont permis d’éviter l’horreur des camps de réfugiés et d’être accueillis comme il se doit. Et à partir de là, bien que vivant dans des conditions modestes, papa, sa sœur Victoria, leur mère n’ont plus jamais manqué de rien. Sa mère travaillant dans la journée, tout petit papa a accompagné sa sœur Victoria à l’école. Assis au fond de la classe, les bonnes sœurs lui donnaient des devoirs pour l’occuper. Et c’est ainsi qu’il apprit très vite à lire et à écrire, et commença l’école en sautant deux classes. A 16 ans, il avait terminé le lycée. Aurait-il été issu d’une famille plus aisée, il aurait probablement poursuivi ses études à l’université. Mais il commença à travailler, chez Crouzet à Labastide-Rouairoux. Ce qui peut paraître comme une injustice, tant il avait des facilités à l’école, se révéla certainement pour lui une chance. Car après plusieurs années, et au gré d’une petite annonce aperçue dans la presse locale par sa future belle-mère, il débuta chez Burroughs une carrière qui devait l’amener, d’abord aux quatre coins de la France, puis à partir de 1973 aux quatre coins du monde.
Je ne vais pas revenir sur toute son histoire, qu’il a souvent racontée par bribes à tous ceux qui sont réunis ici aujourd’hui. Papa adorait revenir sur différents épisodes de sa jeunesse, de ses débuts professionnels, de ses voyages, … Papa adorait parler, et dès qu’il trouvait un public neuf et à l’écoute, était intarissable. Et c’est vrai qu’il eut une belle vie. Je ne vais donc pas revenir sur cette vie, mais souligner simplement des constantes : l’amitié ; l’humour ; l’insouciance.
- Papa a toujours eu des amis, de vrais amis, des amis qui ne l’ont jamais quitté. Beaucoup de ses amis sont là aujourd’hui, d’autres en pensée, d’autres sont déjà partis. Mais ces amitiés étaient profondes, durables, sincères, et souvent ponctuées d’épisodes drôles qu’il adorait raconter.
- Papa adorait rire et faire rire. Il avait une collection de blagues, que nous avons tous entendues, parfois plusieurs centaines de fois, et qu’il emporte avec lui. Il avait une manière de les raconter qui rendait même celles qui étaient limites, voire moyennement drôles, hilarantes. Papa utilisait l’humour tant dans sa vie familiale et amicale que dans son travail. C’était sa manière de briser la glace, d’introduire un climat de confiance, d’apprendre à connaître les gens aussi.
- Enfin, la vie de papa fut marquée par une forme d’insouciance. Il traversa la Seconde Guerre Mondiale sans manquer de rien, passa 20 mois en Algérie sans avoir connu les horreurs de la guerre et en n’ayant que des anecdotes drôles à nous raconter, et se permit même lors des événements de mai 68 (il avait alors 30 ans, ce mouvement ne le concernait pas vraiment) d’aller à Toulouse s’acheter un stylo, en s’étonnant d’être seul dans le magasin … IL n’y a que deux événements qui pour moi ressortent de ce climat d’insouciance : la victoire de Mitterrand en 1981, où je le vis pleurer de joie, et le coup d’Etat avorté de Tejero en 1982 en Espagne, où pendant quelques heures ressurgirent les fantômes du passé. Ces derniers temps, toutefois, je le vis pour la première fois exprimer une inquiétude quant à l’état du monde : cela nous surprit, il sentait déjà que la fin était proche, et il s’inquiétait du monde dans lequel nous, ses enfants, et plus encore ses petits-enfants, allaient vivre.
Bref, papa a eu une belle vie, il a aimé et été aimé, il a voyagé, il a mangé, bu, dansé, ri. Il a pleuré aussi. Mais pour rien au monde n’aurait-il changé un détail de sa vie.
Mais papa n’a jamais connu son père. Il a eu un beau-père, son oncle comme il l’appelait, Saturnin Sanchez, auprès duquel il apprit beaucoup. Il a eu surtout une mère qui l’adorait et le vénérait. Mais il n’a pas eu de père. Ce manque l’a conduit à lire beaucoup sur la guerre d’Espagne, à essayer de comprendre ce conflit marqué par tant d’horreurs. Pour essayer d’y retrouver les traces de son père et de sa vie en Espagne durant ces années à la fois extraordinaires, avec la collectivité anarchiste de Calanda, et terribles, avec les morts, les fusillés, les disparitions.
Du coup, papa ne fut pas un père comme les autres. Il n’avait pas de modèle, il ne savait pas ce qu’il fallait éviter ou au contraire reproduire à partir de sa propre expérience. Du coup, il se tint souvent un peu à distance, du moins est-ce ainsi que je me souviens de lui, laissant maman occuper la place. Maman qui était si présente, si aimante. Longtemps, j’ai eu le sentiment que durant toute mon enfance, papa était distant : soit qu’il travaillait et voyageait beaucoup, soit qu’il était perdu dans ses pensées. Ce n’est que plus tard dans la vie que je pris conscience qu’il avait eu sur nous une influence discrète mais déterminante. Bien sûr il nous apprit l’humour à travers Desproges, Coluche, Devos, les films de d’Audiard, il nous fit découvrir les grands films du cinéma français, la salsa, le plaisir de bien manger et boire, et pour ce qui me concerne le football. Mais son influence fut plus profonde. Très jeune, il m’offrit quelques livres : Hommage à la Catalogne d’Orwell, Allons Z’enfants d’Yves Gibault, Les grands cimetières sous la lune de Bernanos, … Des livres qui parlaient de la guerre, de l’Espagne, de l’armée, de l’église, de l’autorité, … Des livres qui exercèrent une grande influence sur moi, notamment dans mon propre rapport à l’autorité. Papa était un anarchiste, pas au sens où on l’entend souvent (rebelle, adepte du chaos, …) mais au sens où il avait une profonde méfiance devant toute forme d’autorité, qui recèle toujours en elle un arbitraire potentiel. Et sans forcément se faire d’illusion sur la nature humaine, il préférait toujours prendre le risque des liens sociaux horizontaux plutôt que toute forme de verticalité. Papa n’aimait pas manager, comme on dit maintenant, et j’ai hérité cela de lui. Papa n’aimait pas l’armée, ni l’église. Il adorait débattre sans fin avec ses amis de droite. Que de repas, parfois tendus, en famille ou avec des amis, où il remontait sans cesse au front pour mettre ses interlocuteurs devant leurs contradictions, sans toujours voir les siennes, tel un don Quichotte incapable de résister au premier moulin venu (quitte parfois à le créer de toute pièce !). J’ai malheureusement hérité du même défaut. Il nous a appris à ne pas supporter l’injustice, les inégalités, la mauvaise foi, la bêtise et l’arbitraire. Et, comme lui, je pars régulièrement au combat, sachant celui-ci perdu d’avance, mais par souci de ne pas laisser une situation absurde ou insupportable sans rien dire.
Papa nous a aussi, très jeunes, inciter à travailler pour gagner un peu d’argent. Pas par envie de nous faire partager ce qu’il avait connu, mais parce qu’il pensait que ce serait formateur. Aux Etats-Unis, c’était alors plus facile qu’en France et c’est ainsi que durant tout un été à l’âge de 12 ans je me suis retrouvé tous les matins à 7h dans un club de golf à faire le caddy. Puis, plus tard, de retour en France et à ma majorité, à travailler comme chasseur dans des hôtels. Là aussi, nulle obligation, mais un encouragement à sortir de notre zone de confort, comme on dit aujourd’hui.
Papa, enfin, nous a appris la gentillesse, le respect et l’ouverture. Il était incroyablement sociable, il est toujours allé facilement vers les gens, il était curieux de les connaître, il adorait les observer (surtout depuis une terrasse de café), il n’aimait rien de tel qu’engager la conversation. Il était provocateur parfois, mais jamais méchant. Papa nous a aussi appris l’importance de la forme, qu’elle soit grammaticale ou vestimentaire : non par souci de conformité ou un attachement à des conventions sociales, mais par respect de soi. Enfin, il adorait voyager, découvrir de nouveaux lieux ou en retrouver certains régulièrement. Il nous a souvent raconté le choc que fut pour lui la découverte de la salsa dans une boîte de nuit au Venezuela, ce moment où il découvrit tout un continent qu’il ne cessa ensuite d’explorer, cette musique basait sur le rythme qu’il aimait tant battre avec sa fourchette sur la table. En fait, je vais revenir sur ce que j’ai dit plus haut : peut-être que s’il avait eu la possibilité de modifier un détail dans sa vie, il aurait aimé être percussionniste.
En tout état de cause, et pour conclure, je dirai que nous sommes les enfants de notre père et je le dis avec beaucoup de fierté. Je l’ai compris tardivement, mais je reconnais aujourd’hui tout ce que je lui dois, tout ce qui en moi vient de lui. Nous avons eu énormément de chance, Hélène et moi, mais aussi ses petits-enfants, Samuel, Baya, Drahmane et Liv, qui adoraient leur grand-père comme ils adoraient leur grand-mère, lesquels le leur rendait bien. Liv l’appelait son grand-père orthographique, elle fit une dernière dictée avec lui en juillet, qui suscita son admiration tant elle fit peu de fautes, moi une autre en août, mais par amour propre je préfère éviter de vous dire le nombre de fautes que je commis alors … Liv ne peut pas être là aujourd’hui mais elle est très triste, son grand-père lui manquera beaucoup. Il nous manquera à tous terriblement, mais comme je l’avais dit pour maman il y a trois ans, quelle chance nous avons eue de l’avoir comme père.
Hommages rassemblés par Martine Laurens
Raymond,
Nous ne nous attendions pas à ton départ si tôt.
Merci Raymond pour tous ces moments partagés
pour ta générosité
pour ta sensibilité
pour ta disponibilité
pour ta joie de vivre
pour ton humour
Merci la vie d’avoir permis à nos chemin de se croiser.
Ne vous inquiétez pas Françoise & toi nous ne vous oublierons pas.
Martine et Christian
Oh non….Nous pensons fort à lui et à toute sa famille et lui envoyons nos plus belles pensées.
Samuel et Marie
Mais non….. On ne s’y attendait pas !!
Nous avons beaucoup pensé à lui hier sur l’eau….
Raymond porte avec lui de beaux souvenirs d’Appelle dont nous nous souviendrons toujours. Nous penserons bien à lui et à sa famille samedi….Dites leur combien nous aimions Raymond et toutes ses attentions.
Aurélie et Adrien
Raymond,
C’est le voisin qui vivait au dessus de la maison où l’on est nés,
C’est celui que l’on croisait en voiture sur les routes d’Appelle quand on jouait, enfants, l’été,
C’est celui qui, quand il venait chercher son pain, nous serait la main pour nous saluer,
C’est celui qui nous donnait le Canard Enchainé pour le lire et se tenir informé,
C’est celui qui était l’as en dictée et en alphabet.
Alors bien évidemment, c’est celui à qui nous avons tous envoyé nos écrits pour les corriger.
C’est celui qui nous racontait des histoires de sa vie et on en redemandait.
C’est celui chez qui, l’été à la piscine, nous allions nous baigner, sans jamais le déranger.
C’est notre voisin envolé cette année pour qui nous avons toujours une pensée.
Raphaël
Hommage de Michel Costadau
Il n’y a pas si longtemps nous étions ici pour le départ de Françoise. J’avais alors dis à Raymond qu’il était le champion de l’amitié. Après il était venu me trouver pour me dire que c’était tout à fait exagéré et qu’il ne méritait pas ce titre. Alors je vais lui décerner un nouveau titre : Raymond roi de la contradiction.
En fait c’est Edith d’abord qui a connu Françoise par le dessin, moi je n’ai découvert Raymond qu’ensuite. Mais quelle découverte. J’ai été captivé par son parcours, son histoire riche, compliquée faites de malheurs et de bonheurs. Quand il me racontait Athènes avec cette baie vitrée de son bureau donnant sur le Parthénon et la douceur de la vie grecque, c’est comme si j’y étais, si je voyais moi aussi cette splendide vue.
Puis nous nous sommes mis à partager la CNT et la commence les contradictions. Il me transmettait des revues, des journaux avec lesquels il correspondait. D’ailleurs son gendre Sylvain l’a qualifié d’Anarcho-Salsero mais Raymond anarchiste j’arrive pas à y croire. Parce que pour ce qui est de respecter les règles, les usages et les lois, Raymond n’avait pas son pareil. Donc plutôt sentimental qu’anarchiste, car il ya encore peu, l’évocation de son père lui mettait les larmes aux yeux.
D’ailleurs cette passion pour la langue, l’orthographe, la grammaire était basée sur l’intangibilité des règles, pour lui c’était écrit dans le béton. Et pôur lui ke crois que la société était une construction inamovible et intouchable dans laquelle il fallait se débrouiller au mieux de ses intérêts et il s’est plutôt bien débrouillé.
Quand je lui demandais : Raymond comment as-tu fais pour retenir tous ces accords, ces tournures, ces exceptions de la langue française il me répondait : Michel c’est simple j’ai un QI nettement au dessus de la moyenne, c’est clair, faut pas chercher plus loin. Et il avait surement raison.
Mais il n’était pas écrasant pour autant. C’est rare des personnalités riches et non imbues d’elle-même, c’est même exceptionnel.
Quand même il n’aimait pas du tout la remise en cause de l’autorité. Plusieurs fois il a fait des sorties assez virulentes contre ceux qui mettait en cause scientifique, médical pou autre en disant : mais qui êtres vous pour contester les avis de gens formés, spécialisés et reconnus. Vous n’y connaissez rien vous ne faites que du bavardage. Bigre.
Il me semble qu’il compensait sa rigueur intellectuelle, par la légèreté des blagues qu’il racontait. Je cois qu’il a pris son accent pieds noirs au service mais il était formidable et riait autant si ce n’est plus que son public.
Comme il savait que nous luttions contre l’autoroute il me disait : Michel tout le monde dit qu’il va se faire. Alors vas-y dis moi pourquoi il ne se fera pas. Et je lui expliquai les atteintes à la loi et à la biodiversité. Mais je ne suis pas sur qu’il y croyait.
Raymond roi de la contradiction entre les règles et leur transgression. C’est ça qui le rendait si vivant. Parce que ceux qui n’ont pas de contradictions c’est qu’ils sont déjà mort. Et ça a finit par lui arriver.
Adieu Raymond mon ami.
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