Témoignage de Bernard Costadau :
Que de monde, tout çà pour toi, l’émotion te monterai au visage et tu serais déjà en train de rougir, il y a ceux ici dans cette assemblée, et tous ceux qui se joignent à cette cérémonie par leurs pensées ou leurs prières.
Tout çà pour toi, une petite femme, la plus petite de la fratrie, plus petite que papa, que tes enfants ou tes petits enfants ,toujours discrète, jamais sur le devant de la scène mais au combien présente.
Ton regard aux yeux bleus gris, ta petite bouche qui produisait un ineffaçable sourire en toutes circonstances et une attention pour tous ceux qui t’entouraient par un petit signe amical, une parole, un mot de réconfort ou une caresse sur la main.
Hormis la famille jamais de grandes effusions, tout dans la modération mais toujours ces petites marques d’amitié, de soutien ou de compassion.
Une vie difficile pourtant ne t’avait pas épargnée, la perte de ton papa en 1942, l’éclatement de la famille qui s’en est suivi avec tes frères envoyés en pension en Suisse ainsi que les rudesses de la guerre au quotidien. Des études à Saint Cernin où ton histoire te ramènera en 1968 pour faire la connaissance de papa.
Jeune adulte, Soulbarède trop petit pour que tous aient une place, tu choisis sous la houlette de tante Beth de faire des études d’infirmière, ce sera Saint loup au diaconat, l’école y fut dure, tu y as appris à tes dépends que les repas sont une perte de temps, quand à ton premier petit déjeuner la mère supérieure sonna le début puis la fin du repas et que ton bol de porridge était loin d’être terminé. Le début d’une vie au pas de charge, l’hôpital à Montreux où tu fis la connaissance de ta meilleure amie qui deviendra ta belle-sœur, Monique, ma marraine trop tôt partie. Vinrent trois ans d’infirmière à Londres histoire de parler une langue de plus et de s’ouvrir au monde puis retour à Bergerac ; papa et votre mariage en 1970, nous en 1974 et une nouvelle vie qui commençait. Travail était le leitmotiv, première levée à 06h00 et dernière couchée jusqu’à ton accident de 2021 et couchée pour lire au moins deux heures chaque soir histoire d’apprendre sur tout, cette éternel besoin de connaître et de se concentrer sur les fondements de la vie.
Pémontier c’est aussi, ta maman, notre grand-mère devenue invalide et qui prenait beaucoup de ton temps mais aux pâtisseries divines même si le baba au rhum comme les forêts noires nous faisaient pétiller le regard, elle n’oubliait jamais, à ton grand désarroi d’arroser copieusement ces desserts. Pémontier c’est aussi notre grand-père paternel dont tu auras pris soin jusqu’au bout, lui aussi écorché par la vie avec la perte de notre grand-mère bien trop tôt partie.
Pémontier c’est beaucoup de rires, de réunions de famille pour toutes les occasions et l’accomplissement de tes talents de cuisinière, rester à table te semblant une perte de temps, la cuisine te donnait le travail qui t’aurait manqué pour le plus grand satisfecit des papilles de tes convives.
Pémontier c’est aussi de grosses peines pour toi, pour nous, les premières fois où nous t’avons vu pleurer autant avec tes neveux et nièces fauchés en toute innocence, dans la fleur de l’âge, sur la route par des conducteurs inconscients, la disparition de Monique, ton double indissociable de la vie, tes frères Pierre puis Frédéric mais aussi papa toutes ces peines qui t’ont tellement blessées et que tu gardais pour toi.
Mais Pémontier est aussi le lieu privilégié de tes petits enfants, Aloïs, Xander et Pierre, après une maman formidable une grand-mère de tous les instants aux petits soins pour eux. Que de rire et de bonheur en ces occasions merveilleuses qui resteront gravées dans leurs mémoires à tout jamais.
Puis vint la retraite, bon jusqu’à ton accident de 2021 tu n’y auras pas gouté, le jardin, les fleurs, les conserves, une maison toujours rutilante, la porte toujours ouverte aux amis et à nous, tes longues marches, papa que la vie avait usé et dont tu t’es occupée jusqu’au bout chaque instant.
Ces années nous ont un peu inquiétés, avec le temps l’équilibre devenant précaire nous vint la judicieuse idée de t’offrir, l’air de rien, pour ne pas t’offusquer, à un anniversaire des bâtons de marche. Erreur absolue ! Tu en fus comblée et nous horrifiés, leur destination première de te donner de l’assurance fut biaisai par ce que tu découvris la possibilité de marcher plus vite, beaucoup plus vite et plus longtemps !
2021, un excès de zèle dans le jardin, l’idée de monter sur une pierre pour couper quelques ronces et la chute, le coma, les fractures le traumatisme crânien. La providence et les bienfaits des services postaux ont mis sur ta route le facteur peu de temps après qui fit toutes les démarches pour que tu sois secourue et prise en charge rapidement.
L’hôpital, un début d’espoir. Espoir vite assombri par un cadre de santé qui t’avait destiné à l’unité de soins longue durée sans rééducation, heureusement, tu nous as donné un bon sens de l’observation et c’est Napoléon qui sauva la mise. Petite statuette sur son bureau austère de l’empereur au pont d’Arcole avec la devise en lettres d’or « devoir et soumission » soumission au mercantilisme de santé lui adressai-je sarcastiquement, piqué à vif, le soir même tu avais une place à Lanmarie, 4 mois de combat acharné pour recouvrer la mobilité, la parole et peu à peu la mémoire, enfin, Beaumont, la maison de retraite où ta maman avait séjourné aussi en fin de vie, funeste destination.
Néanmoins tu auras pu y réapprendre à marcher en déambulateur, tu y retrouveras une partie de ta mémoire et tu viendras à Pémontier pour toutes les grandes occasions savourer les bonheurs de la famille et des amis.
Quelques inquiétudes lors de ton séjour, des hauts des bas jusqu’à ce printemps où ton corps a commencé à t’abandonner, usé, des forces qui s’évanouissaient petit à petit.
Samedi tu me reconnaissais encore, des soins étaient programmés pour cette semaine mais dimanche Luc te trouvas éteinte, sans forces, lundi matin tu nous quittais, apaisée, une infirmière à tes côtés, la boucle était finie après, avoir tenu tant de mains et aidé, aimé, soutenu tant de gens par ces petits gestes discrets, ces attentions permanentes aux autres.
Maman, ta vie aura était bien remplie, tu auras marqué tellement de monde et ’aujourd’hui ils t’accompagner pour rejoindre papa, te rendre grâce et comme tu le disais si bien : « ne réussissent que ceux qui osent et qui croient ».
Témoignage d’Aloïs Costadau :
Mamie.
Je tenais tout d’abord à remercier cette assemblée d’être venue partager ici ou en pensée et prières ce dernier moment pour rendre hommage à cette personne si chère à nos yeux qu’est ma grand-mère.
J’ai mis beaucoup de temps à poser par écrit les souvenirs que j’ai de toi, non pas parce
qu’ils manquent, mais parce qu’il y en a tellement. J’ai tant de bonnes choses à dire de toi et
pour toi, alors, il me faut résumer l’essentiel de ce que tu représentais pour nous. Chaque fois
que je parlais de toi avec quelqu’un te connaissant, il y avait toujours en commun cette
image d’une personne d’une grande bonté, bienveillante et attentionnée.
Lorsque je pense à toi, je m’imagine toujours ce visage au sourire radieux, ce regard plein de joie et ces accolades chaleureuses que tu nous réservais lorsqu’on venait te voir à Pémontier.
Je sais bien ce que tu penses à m’entendre te dire tous ces compliments, je me souviens bien de tes
réactions lorsque je t’en faisais. Tu me disais en souriant « Mais qu’est-ce qu’il me dit celui-
là ? » ou encore « Tu crois que tu vas m’avoir avec ces mots doux ? » avant d’en rire tous les
deux.
Alors je me dis t’ai-je donc placé sur un piédestal ? Est-ce que j’en fais trop ? Et puis
je me rappelle que ta bienveillance n’a d’égal que ton humilité.
Aujourd’hui je constate que non, je n’en faisais pas trop.
Il me suffit de regarder devant moi pour comprendre que je n’étais pas le seul à voir la personne formidable que tu étais.
Toutes ces personnes, toutes ces vies que tu as marquées en bien par ta simple présence, ton métier de sage-femme, par ta voix et tes mots, tous ces gens-là aujourd’hui ils te le redonnent.
Tu as été une personne forte, digne et élégante, une étoile dans ma vie et un rayon de soleil
dans beaucoup d’autres. Tu m’as appris tant de choses, à lire l’heure sur une montre, à faire
sauter des crêpes dans une casserole sinon à faire des crêpes tout court, à entretenir des
roses aussi belles que celle qui s’en occupait A regarder les poissons dans la Conne, à
observer les ragondins, à choisir le bon poulet le dimanche au marché, à ne pas pleurer
quand tu me mettais un pansement.
En plus de toutes ces petites choses et des milliers d’autres à citer, tu as été un modèle pour nous une source d’inspiration. Je ne demande qu’à me rapprocher de ce que tu étais, à reproduire tes comportements vertueux et à être aussi bon que toi.
Quelque part c’est aussi ça la vie éternelle, ce sont tous ces sourires et ces bons
moments passés avec toi, tout cet amour que nous allons transmettre aux autres.
C’est à travers cela que tu continues de vivre avec nous.
Comme l’a dit Xander, avec beaucoup de justesse : « ne pleurons pas parce que c’est fini,
soyons heureux parce que c’est arrivé ».
Nous avons eu la chance de te connaître, et pour cela je te dis, nous te disons, merci. Merci d’avoir été cette personne merveilleuse dans nos vies.
Nous te souhaitons que le meilleur, tu le mérites tellement.
Repose en paix Mamie.
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