Je suis sûr que vous avez le sentiment qu’il se passe des choses dans notre pays. Eh bien moi aussi j’ai ce sentiment mais, hélas, je suis tout aussi sûr qu’il ne s’agit pas des même choses.
Vous le savez, la responsabilité la plus importante dans la vie c’est l’éducation, l’enseignement, l’apprentissage, la formation, la transmission de connaissance. Et justement là oui là… il se passe des choses.
En vrai, qui ose encore parler de l’Education ex Nationale, alors que nous assistons à un naufrage en direct avec sons, images et vidéos. Rien ne manque. Naufrage sciemment, délibérément, scientifiquement organisé depuis des dizaines d’années. Oui depuis longtemps en plus.
Alors qu’est-ce qui ne va pas ?
Ce qui ne va pas c’est la réalité : les 12 ans que chaque enfant passe en classes, en sorties, en sport, en atelier ou en bibliothèque, ne servent qu’à les occuper pendant l’absence de leurs parents. C’est en fait une vaste garderie. Même si ça semble enfoncer des portes ouvertes, il faut rappeler que l’autorité des maîtres et des professeurs est un lointain souvenir, que les programmes sont une galéjade qui ne fait plus rire personne, que les vacances scolaires sont exclusivement organisées en fonction du business touristique, que les diplômes ne donnent plus de travail depuis longtemps, que les niveaux baissent lamentablement chaque année, et que la citoyenneté chère à nos pauvres politiques n’est pas une matière enseignée.
Eh oui, ce ne sont pas les maîtres mais les élèves qui font la loi, sachant que les proviseurs et directeurs ont la consigne de toujours donner raison aux parents, ce qui revient à récompenser les fauteurs. Or, sans un minimum ou plutôt un maximum de calme et d’écoute, c’est-à-dire d’autorité, l’éducation est impossible. Certes, la catastrophe est peut-être encore plus flagrante dans les collèges que dans le primaire et les lycées, mais elle est partout.
Je vous parle là de moyenne ou plutôt de majorité, car c’est sûr il y a des extrêmes. D’un côté ceux que le système scolaire détruit totalement et dégoûte de la connaissance et du travail, et qui se retrouvent en prison ou marginaux avant leur majorité, et d’un autre côté ceux qui ont surfé sur les études sans faire de vagues…..et qui auraient très bien pu se passer de l’école.
Mais le résultat est là : il n’y a plus d’Education Nationale.
Comment en est-on arrivé là ? Vous allez me dire qu’il y a le constant manque de moyen humains et matériels ainsi que des réformes sans queue ni tête et, d’ailleurs, c’est uniquement de cela dont tout le monde parle. Mais là n’est pas la cause de ce massacre, ça ce n’est que le moyen.
La cause est tout simplement que notre société n’a plus de projet éducatif et ne veut pas en avoir. Eh oui le contenu à donner aux études et aux apprentissages dépend uniquement de l’objectif recherché. Quel type de société projetons-nous et quelle place voulons-nous donner aux hommes et aux femmes dans notre société ? Allo je vous entend mal, quoi, vous ne dites rien. Oui c’est ça : rien, car plus aucun aucun projet éducatif n’habite notre pays.
Nous ne voulons pas former des hommes et des femmes doués d’un peu de jugement, mais des travailleurs dociles, des consommateurs peu avisés et des électeurs crédules. C’est à cela que sert le budget de la nation.
En conséquence, l’Etat préfère payer et subventionner des écoles privées plutôt que de faire fonctionner un système démocratique d’éducation. Car il est beaucoup plus facile de déléguer un service public que de l’assurer.
Essayez de trouver qui, dans toutes nos institutions, va réfléchir et chercher à dispenser à tous les jeunes citoyens un bagage éducatif. Personne. En fait nous sommes encore au Moyen Age. Nos élus ont peur que l’éducation permette aux gens de prendre conscience et de découvrir que notre société ne pratique qu’une fuite en avant éperdue et suicidaire. Il faut, par-dessus tout, empêcher les jeunes de penser, voilà la politique que pratiquent nos dirigeants.
Soit dit en passant, si encore les écoles privées, n’étaient pas confessionnelles ça serait un peu plus acceptable mais presque toutes sont aux mains des religions. Parce que privé et laïque ça peut fonctionner mais confessionnel et laïque y a un gros problème. Et ça tombe bien, si j’ose m’exprimer ainsi, parce que le prochain billet est sur la laïcité.
Michel Costadau
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