Je me suis souvent demandé comment on nommait les beaux-parents de nos enfants. Les parents des enfants c’est nous il n’y a pas de problème, mais les parents du conjoint de notre enfant et donc ses beaux-parents, je n’ai pas trouvé le nom. Vous allez me dire que c’est sans importance et qu’on s’en fiche, eh bien vous aurez peut-être tort.
Dans toutes les civilisations : indiennes, orientales, africaines ou latines on parle de mariages précoces, décidés par les familles alors que les enfants sont encore très jeunes. Et alors, dites-moi qui discute de ces choses-là si ce ne sont les parents et les futurs beaux parents des enfants. De même, dans les familles patrimoniales possédant de plus ou moins grands biens voire des empires, le mariage des héritiers a la vocation d’agrandir les possessions et accessoirement de mettre fin à des conflits. Là encore qui discute de ces choses-là si ce ne sont les parents des futurs jeunes conjoints.
Les parents du conjoint d’un enfant sont donc des partenaires, des relations, des interlocuteurs de la plus grande importance pour une famille. Ce sont même souvent des alliés et pourtant ils n’ont pas de noms génériques comme cousins, gendre, oncle.
Bien sûr quand les enfants ont des enfants, les parents et beaux-parents deviennent grand-père, grand-mère, papi, mamie, mais la désignation demeure longuette, du genre : le grand père du côté de ta maman ou bien ton autre grand-mère.
Cela n’empêche pas que tout grands-parents qu’ils soient, ils restent non nommés pour nous.
Qu’à cela ne tienne.
Elucubrons de trouver quelque chose. Eh bien justement il y a un vocable qui irait bien c’est compère. Le père et le compère et réciproquement. Déjà il y a père dedans c’est pas mal, et aussi un préfixe qui donne une idée de similitude. Et donc le père discute avec son compère de l’avenir de leurs enfants … et de leurs biens. Ça se tient. Et quand le jeune ménage a des enfants les deux compères deviennent des grands-parents heureux.
Evidemment, maintenant, le mot est plutôt connoté compagnon de brigandage. Et c’est pire pour commère qui va très bien aussi mais qui a été réduit aux ragots de bas étage.
Si je vous parle de ça c’est parce que ma propre expérience me dit que la compétence des jeunes parents pour élever et surtout éduquer leurs enfants est quasiment nulle. Ils vont d’erreurs en problèmes et de bêtises en ratages. C’est le grand domaine de l’ignorance. Certes ils apprennent avec le temps mais c’est trop tard pour les premiers, qui, compte tenu de la peur actuelle, sont d’ailleurs les seuls. Peut-être qu’au bout du cinquième le savoir peut venir et les résultats pourraient être meilleurs, peut-être mais c’est pas sûr.
En fait ceux qui ont le plus d’expérience, voire de temps, ce sont les grands-parents, les compères et commères que nous venons d’évoquer. Bien sûr ils ont eux-mêmes leurs défauts et peuvent avoir des idées décalées, par exemple sur la religion ou le travail, mais assurément c’est eux qui ont le plus de bagage. Et ils ne s’en servent pas.
Vous savez quand on met de chevaux dans une nouvelle pâture, la première chose qu’ils font c’est de faire le tour complet de la clôture et s’il y a la moindre faille ils s’y glissent résolument et s’évadent. Les enfants c’est pareil, ils cherchent partout les limites et ils exploitent toutes les faiblesses des parents et les trous dans la clôture. Du coup ils échappent à eux-mêmes et ils se vident de leur substance, c’est-à-dire de leur personnalité, sous le regard impuissant des compères et commères.
Michel Costadau
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