C’est sûr qu’il y en a un peu marre de tout le temps parler du virus, c’est devenu complètement inintéressant, d’autant plus qu’il a presque disparu dans beaucoup de départements, en particulier dans le sud. Il y a tous les jours des nouvelles mais, en fait, on ne sait rien on n’apprend rien et on attend la réouverture des cafés.
Alors je vais vous donner une analyse que je n’ai pour le moment vue nulle part ? Elle concerne la psychologie de nos dirigeants. L’idée est la suivante. Il y a, clairement, une composante suicidaire dans les choix de confinement qui ont été faits.
Tout a commencé par un effet domino des mesures prises en Asie. De pays en pays, la théorie du confinement est arrivée, déformée et modifiée, jusqu’en Europe et ce qui n’a concerné qu’une petite partie de la Chine s’est abattu, chez nous, sur des pays entier. Déformée et modifiée parce qu’en Asie le confinement faisait partie d’un volet de plusieurs mesures strictement complémentaires dont le dépistage, la recherche des contacts et l’isolement.
L’instant du choix a donc été très court, à peine quelques jours, et c’est là que les décideurs européens se sont trouvés devant un cruel dilemme : soit continuer à défendre leur credo productiviste, soit se renier complètement en mettant la santé individuelle au-dessus de tout. Or c’est exactement au moment ou un individu n’arrive pas à faire face à sa situation que lui vient l’idée du suicide. L’avenir est bloqué, il n’y a aucune bonne solution. Le suicide est alors la seule manière de fuir une situation invivable. Comme une échappatoire à la paralysie ressentie, une libération des contradictions qui le minent même si c’est souvent lui qui les a créées.
On comprend du coup pourquoi Johnson, Trump, Bolsonaro et quelques autres ont essayé de ne pas se suicider en voulant à tout prix défendre le business. On peut leur reprocher ce qu’on veut mais pas d’être contradictoires car ils ont plutôt cherché à faire le moins de dégâts possibles à la finance.
Pour les autres, c’est leur propre légitimité qui est entrée en jeu. Soit ils se sont sentis l’émanation démocratique de la population et ils ont pris des mesures adaptées bien acceptées par les citoyens : pays du nord, Allemagne, Autriche et quelques autres. Soit ils ont compris qu’ils n’avaient aucune légitimité et ils se sont suicidés : France, Italie, Espagne et quelques autres.
En France en particulier les dirigeants ont accompagné leur suicide d’un puissant venin : la peur de l’autre. Étant incapables d’assumer la situation, nos dirigeants ont délibérément dressé les citoyens les uns contre les autres, en désignant l’autre, c’est-à-dire tous les autres comme le danger, l’ennemi. Et c’est 1 000 fois plus dangereux que le virus lui-même.
C’est comme une déformation de la réalité à travers un prisme uniquement braqué contre l’humain. On dirait que l’individu devient son propre ennemi, que le collectif est à éviter, que l’homme cherche à éviter l’homme. A nouveau le loup est entré dans la bergerie, il faut mettre de la distance entre les gens comme au temps de la peste et du choléra. Eux ils se sont suicidés mais nous on aura beaucoup de mal à s’en remettre.
Michel Costadau
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