Dans la vie il y a deux comportements personnels possibles : « se faire du bien » et « se donner du mal ». Quand je discute en prenant l’apéritif au coin du feu je me fais du bien, et quand je me casse le dos en binant le tournesol je me donne du mal. On pourrait croire que la vie n’est qu’une succession de ces deux séquences, mais c’est en fait un peu plus compliqué parce que ces deux états sont des manières d’être, presque des philosophies caractéristiques de chaque individu. Ainsi tout le monde ressort de l’une de ces deux tendances et chaque vie en est le résultat.
Vous noterez, si ce n’est déjà fait, qu’il ne s’agit en aucune manière du bien et du mal comme pourraient avoir envie de le dire nos sociologues de service.
« Se faire du bien » n’a aucun rapport avec la morale mais plutôt avec la jouissance, le plaisir, le bien-être ou tout simplement profiter de l’instant.
« Se donner du mal » n’a aucun rapport avec le masochisme mais plutôt avec l’effort, la persévérance, la recherche de la meilleure solution et le déploiement d’activité.
On retrouve la dualité classique entre bien-être et bien-faire, c’est-à-dire être et faire.
Disons clairement qu’aucun de ces deux fonctionnements ne peut être pratiqué à l’exclusion de l’autre, car ils conduisent alors à des écueils insurmontables.
La pratique du se faire du bien ressemble un peu à se laisser vivre et a une tendance à l’absence d’effort. Et à ce moment-là, la vie peut prendre une pente vers la facilité et conduire à l’immobilisme et à la décadence.
Au contraire, la pratique du se donner du mal, par son absence de compensations et de facilité peut conduire à en vouloir au monde entier pour le mal qu’on se donne et que personne ne reconnaît, ce qui peut donner de profondes frustrations conduisant à la misanthropie et la xénophobie.
L’équilibre entre les deux est donc assez subtil, sachant qu’il y a basiquement une des tendances qui est prédominante chez chaque individu. Il est donc de première importance que chacun arrive à reconnaître laquelle afin d’en compenser les inconvénients. Néanmoins la bonne répartition n’est pas l’équilibre 50/50 entre les deux, mais un dosage ou l’effort doit l’emporter car l’être n’est que le que le résultat du faire.
Si je vous dis tout ça c’est parce qu’il y a globalement une exacerbation mondiale de ces attitudes. On pourrait presque dire qu’un moitié du monde se la coule douce pendant que l’autre moitié s’escrime juste pour la satisfaire. Cette dichotomie existe depuis longtemps mais elle a pris un tour nouveau avec la mainmise des riches sur la terre. De nos jours, trop de gens naissent avec un compte en banque conséquent, alors que d’autres en sont réduits à travailler comme des bêtes de somme pour finir par cracher leurs poumons. Et donc trop de gens n’ont plus aucun souci matériel ni pour vivre ou se soigner ou se réparer. Ceux-là ne pensent qu’à leur bien-être et à leurs distractions, sans la moindre attention aux autres.
Pour eux se faire du bien a pris le dessus et c’est catastrophique.
Michel Costadau
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