Je lis depuis quelques jours des trucs ahurissants sur notre système de santé. Le dernier en date titre la « désillusion française » en faisant une comparaison hasardeuse avec la défaite éclair de nos vaillantes armées en 1939. Les Français ont perdu leur « souveraineté sanitaire », ils sont tombés de leur « piédestal » persuadés d’avoir les meilleurs hôpitaux du monde et découvrant des établissements malades. Holà holà, halte au feu, on se calme. En fait ce que l’on nomme notre système de santé comporte trois volets :
– un volet médical public et privé composé du personnel hospitalier, de la formation médicale, de recherches appliquées et d’un ensemble de bâtiments et de matériels,
– un secteur administratif ou ministériel composé de fonctionnaires, de technocrates et d’élus,
– et un volet pharmaceutique et industriel comprenant les labos et les fabricants d’appareils souvent très perfectionnés.
Clairement, notre secteur médical est de toute première qualité tant pour la qualification du personnel que pour les protocoles. Peut-être pas le meilleur du monde dans tous les domaines, mais vraiment dans le peloton de tête partout. C’est une chance de se faire soigner en France et, d’ailleurs, beaucoup de ressortissants d’autres pays viennent chez nous dans les cas difficiles. Il y a même une certaine émulation entre hôpitaux et entre publics et privés pour améliorer les techniques et diagnostics.
Il ne me viendrait pas à l’idée d’aller me faire soigner à l’étranger et presque tout les Français sont comme moi. D’ailleurs ce volet médical a été tout à fait à la hauteur dans l’épisode du virus. À aucun moment il ne s’est trompé dans les diagnostics et les traitements.
Par contre il a connu des problèmes de moyens dont, tout aussi clairement, le secteur administratif est entièrement responsable. En effet tout ce qui touche les administrations est une catastrophe. Comment est-il possible que ce soient des technocrates qui décident des commandes de matériels, de masques ou de réactifs. Comment dans la panique, les collectivités territoriales ont-elles été amenées à se substituer à l’État pour lancer des approvisionnements. Comment les préfets ont-ils pu pirater des matériels destinés à d’autres. Contrairement au secteur médical, il y a eu là des errements coupables, qui hélas ne seront jamais sanctionnés.
Il se trouve que le secteur administratif est entièrement politique et tout le monde a pu constater que ces gens-là n’étaient et ne sont toujours pas à la hauteur, ni en termes de personnalités ni en termes de décisions. Si l’on doit faire une comparaison avec 1939, alors il faut les comparer avec le ministère de la Guerre et les généraux de l’époque et non avec l’armée qui, bien qu’offerte démunie aux canons de l’assaillant, s’est quand même battue et a réussi à se replier en Grande- Bretagne.
S’il y a donc une refonte du système de santé à envisager c’est sur la place, le rôle, le pouvoir des politiques qu’il faut agir.
Parce que ce sont ces gens-là qui ont inventé le déficit de la sécu et de l’assurance maladie. Ils ne parlent pas encore du déficit de la justice ou de l’école mais ils en ont envie. Et, pour eux, le déficit de la police, de l’armée, des opérations extérieures, comme ils appellent sournoisement notre terrorisme d’État, ne sera jamais à l’ordre du jour. Exit
Michel Costadau
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