J’entends dire que la seule chose de bien avec l’Europe, c’est d’avoir amené la paix car il n’y a plus de guerre. D’autres ajoutent que l’Europe a amené un bon niveau de vie car les magasins sont pleins et les gens achètent. Et aussi que l’Europe a porté la démocratie à sa quintessence et qu’on cherche à exporter ce modèle. Oui, on entend plein de choses. Mais juste une question en passant : avez-vous entendu parler de l’externalisation. Parce que s’il y a un point où l’Europe est championne, c’est bien l’externalisation. En effet, s’il n’y a pas de guerre entre pays européens, c’est parce qu’on a mis la guerre partout dans le monde pour ne pas l’avoir chez nous. Guerre en Afrique, pratiquement dans tous les pays, guerre au Moyen Orient, du Liban jusqu’au Pakistan, guérillas en Asie, guérillas en Amérique Latine. Surtout ne me dites pas que nous n’y sommes pour rien, ou je me verrai obligé de vous demander qui a formé et armé les milices syriennes, les talibans ou les tontons macoutes, sans parler des ventes d’armes. Non seulement nous n’y sommes pas pour rien, mais ça fait partie de notre philosophie = piétiner les populations pour avoir du beurre dans nos épinards. Ça doit être ça notre fameuse démocratie.
Vous allez me dire : mais pourquoi tu nous parles tout d’un coup d’externalisation ? Tout ce que tu viens de dire on le sait, c’est clair. Eh bien je vous en parle parce que l’Europe vient d’ajouter un nouveau fleuron à l’externalisation : la gestion des émigrés. Et oui, l’Europe terre d’accueil, terre des droits de l’homme, oui, oui, mais pas pour tout le monde quand même. Double discours, d’un côté on vient au secours des immigrés avec des tentes et des sacs de riz, et de l’autre on veut mettre la xénophobie dans la constitution et en attendant on remplit les journaux de discours racistes, on expulse et on rase à tour de bras. Alors nous on accueille, mais on traite avec la Turquie pour refouler. On traitait déjà avec le Maroc, la Libye et quelques autres Etats super démocratiques. Mais c’était plus ou moins caché. On payait les barrières et les refoulements discrets, mais maintenant, la technocratie a sauté le pas et c’est officiellement que l’on dit à la Turquie : c’est tant le refoulé. Il y a des objectifs et des contre-parties qui quand même restent assez discrètes bien que ce soit de l’argent public.
Vous voyez, c’est ça l’externalisation, on ne veut pas savoir comment la Turquie et le Maroc s’y prennent avec les droits de l’homme, mais nous c’est clean, super clean. Bientôt, si ce n’est pas déjà fait, l’Europe aura le Nobel de la Paix pour avoir su si bien externaliser la guerre.
Cela dit il faut noter qu’en Europe il n’y a peut-être pas la guerre, mais il y a quand même des victimes. C’est troublant, surtout quand les voyous qui occupent le pouvoir parlent des valeurs, de nos valeurs. Mais pourquoi on les laisse faire ces gens-là, pourquoi on continue à écouter leurs mensonges, à regarder leurs simagrées hypocrites. Vous savez, quand quelqu’un n’est plus capable d’exercer ses responsabilités on le met sous tutelle. L’Europe c’est le contraire ; n’étant plus à même d’exercer la moindre responsabilité elle s’enferme dans un bastion ceinturé de banques, mais c’est quand même elle qui donne des leçons. Honte à nous.
Michel Costadau
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