Retour aux fondamentaux, c’est-à-dire le vote. Normalement, personne ne devrait voter aux prochaines élections. Ceux qui ont voté Philippe Macron parce qu’ils se sont fait complètement avoir, ceux qui ont voté pour d’autres candidats parce que ça n’a servi strictement à rien et ceux qui n’ont pas voté du tout n’ont aucune raison de commencer à le faire. Car Philippe Macron continue sa marche vers la droite de Le Pen et l’opposition n’a ni droits ni statuts au parlement. En pratique, il ne resterait que quelques souliers pointus accros aux inégalités et quelques chenus accros aux élections. Bien sûr mon propos est un peu optimiste, mais je note, quand même, que le vote blanc reprend du poil de la bête. Et c’est une bonne nouvelle. Je veux dire on est sur la bonne voie.
Le vote blanc c’est une manière de voter sans voter. C’est un début de non-vote qui ne demande qu’à mûrir. Cependant, même en supposant qu’il soit pris en compte dans les suffrages exprimés, sa seule vertu serait de faire baisser le pourcentage de voix obtenu par les divers candidats. Ce n’est pas neutre, certes, mais aujourd’hui beaucoup de gens ont déjà pris conscience de l’escroquerie majoritaire. Alors, que les uns et les autres soient élus avec un faux 50 % ou un vrai 15 % ça ne changera pas grand-chose. Parce qu’ils seront quand même élus. Clairement, pour la présidentielle, ça pourrait faire mauvais effet.
Et puis d’un seul coup je me dis qu’il y en a sûrement qui ont encore l’impression que la classe politique pourrait se mettre à tenir compte des électeurs. Qu’elle pourrait se réformer elle-même, ce qui est un peu contradictoire. Mais au moins qu’elle pourrait demander l’avis des gens. De plus je suis sûr qu’il y en a même qui pensent qu’il pourrait y avoir non seulement des candidats meilleurs que les autres, mais « the candidat », celui qui résoudrait tous les problèmes.
Halte-là, ça fait combien de temps qu’on nous la joue cette horrible musique du sauveur. Vous n’avez pas déjà assez donné, il vous en faut encore plus ? Je vous l’ai déjà dit et répété, la classe politique n’a besoin des électeurs que pour être élue, ensuite sa seule occupation consiste à gérer les crises que génère l’absence de démocratie. Et ça les amuse. En ce moment, ils s’amusent avec les GJ, ils leur tapent dessus expérimentant de nouvelles stratégies antimanifestation et de nouvelles armes. Ça leur permet de parader, de faire des discours, de rencontrer des gens, de se montrer à la télé et surtout de glisser dans des tas de projets de lois les réformettes qui leur tiennent à cœur, sur la justice, sur le commerce, sur les banques, sur le pétrole. Il n’y a pas de meilleure couverture que les GJ pour abriter leurs affaires. Oui ils s’amusent.
Et nous, on ronge notre frein car les médias sont obligés de parler de l’isolement du pouvoir, d’une France à deux vitesses, de la roue libre des décisions gouvernementales. Et ces mêmes médias voudraient nous faire croire que les gouvernants pourrait relier le fil avec la population, comme s’il y avait toujours eu une fibre sentimentale entre le pouvoir et le peuple. Alors que les gens ont toujours enduré stoïquement le pouvoir, l’écrasement du pouvoir, ce pouvoir qui leur a fait faire deux guerres mondiales, des tas de guerres de décolonisation, qui écrase l’Afrique, qui pactise avec Israël, qui vend des armes, des centrales, du maïs trafiqué et du CO² comme des chaussettes.
Mais personne ne parle des élections ni à venir, ni passées. Le système se reconduit lui-même sans la moindre adhésion populaire, tout simplement parce que les gens votent.
Michel Costadau
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