Voila encore un truc à dégonfler proprement : c’est la capacité des élus à appliquer un programme politique. Il n’y a que deux solutions.
Soit les élus ont des convictions, des idées fortes auxquelles ils adhèrent et qu’ils défendent. Ces idées sont portées par un parti, leur parti, et c’est pour cela qu’ils sont élus.
Soit il y a des étiquettes, des écuries, des casaques et les candidats choisissent celle qui leur donne le plus de chance d’être élu. Auquel cas ils changent de casquettes, c’est-à-dire de partis, au gré des circonstances et non seulement ils n’ont aucune conviction mais en plus ils se fichent éperdument de leurs engagements. Et c’est exactement ce que nous observons et même depuis longtemps. Si nous restons sur la période en cours, tout le monde a compris que LRM avait débauché la moitié des élus du PS et un tiers des élus de LR pour faire une soi-disant nouvelle majorité. Et tout le monde peut voir que LRM veut recommencer pour les municipales. Certes les municipales n’ont strictement aucune importance, en fait toutes les équipes municipales font exactement les mêmes choses, mais ça ne fait que renforcer ma démonstration.
Or donc il est bon de rappeler que ce qui compte en politique ce sont les programmes et non les hommes. Je veux dire que les hommes ne sont que les porteurs plus ou moins brillants et efficaces du contenu du programme de leur mouvement ou de leur parti. Par principe les programmes ont été élaborés collectivement et représentent les aspirations grandes ou petites d’une partie de la population. C’est pour ça qu’il y a des partis, c’est pour ça qu’il y a des programmes.
Hélas en pratique les programmes, aujourd’hui, ne sont plus qu’un assemblage de mesures, sans grande cohérence, censées attirer quelques électeurs. Néanmoins avec un programme on peut faire une politique. Ça reste vrai.
Du coup, toujours en théorie, les élus devraient être les soldats d’un programme et devraient déployer leur énergie à le mettre en œuvre. Non ne riez pas, moi aussi je sais, bien évidemment, que nous sommes loin de cette vision idyllique. Parce que ça fait longtemps que élus se moquent des programmes comme de leurs premières chaussettes et que la politique n’est qu’une affaire de com et de pub.
Pourtant les dérives de personnalisation sont, au moins depuis Napoléon Bonaparte, jugées définitivement néfastes et la primauté du programme s’est imposée comme le plus solide rempart de la démocratie. Chaque fois que des citoyens se sont réunis pour réfléchir à l’avenir de notre pays ils ont élaborés des programmes. Le XXe siècle a connu la réussite de beaucoup de ces phases constructives. Mais cette règle de base ne plaît pas aux puissants qui redoutent par-dessus tout d’avoir des comptes à rendre à qui que ce soit. Alors ils ont remis en selle le pouvoir personnel, le culte du guide qui loin des attentes citoyennes est constamment sous le feu des projecteurs, afin que tout le monde croie qu’il est la source et l’embouchure du fleuve qui irrigue le pays.
On a déjà donné, on a déjà payé, alors s’il vous plaît dites-nous ce que vous voulez faire et faites-le ; et ne dites plus seulement qui vous aller mettre.
Après peut-être on votera pour vous.
Michel Costadau
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