Comme prévu, le brexit ne change finalement pas grand-chose pour les citoyens, sauf quelques frais de plus, ni même pour les entreprises, en tous cas pour le moment. Par contre une nouvelle situation est créée et c’est elle qui va dérouler ses conséquences dans les mois qui viennent. Bien sûr il y a pas mal d’inconnu sur ce que peut devenir le RU mais en attendant, que tout le monde se réjouisse fait seulement partie de la règle du jeu, de la façade, mais ne peut cacher la position complètement asymétrique des protagonistes. Le RU a obtenu son indépendance mais l’Europe a subi un départ et les US et la Chine ont un cheval de Troie sur le vieux continent.
A court terme le RU s’attend, quand même, à des jours difficiles pendant quelques années alors que l’UE n’annonce aucune répercussion pour ses ressortissants, ce qui est un peu surprenant.
Mais au fait pour quoi le RU a-t-il quitté l’UE ?
Je suppose que vous avez votre idée là-dessus que j’aimerais bien connaître d’ailleurs. Car outre le petit côté amour-propre des anglais, on ne voit pas très clairement quel vent a pu les pousser à prendre ce chemin. Et pourtant ils y sont.
Bon, pour moi la principale raison est la prise en compte que ce ne sont plus ni l’Europe, cela depuis longtemps, ni les US, plus récemment, qui font avancer le monde, mais l’Asie. L’Asie a rattrapé les occidentaux sur leur terrain de prédilection : la technologie.
N’oublions surtout pas que c’est la technologie qui a permis la colonisation par son avantage sur les techniques traditionnelles, qui alimente encore complètement la société de consommation et qui permet aux chantres du capitalisme de prôner la fuite en avant pour résoudre tous les problèmes.
Vous le savez, on ne compte plus les produits qui viennent de Corée, de Chine, du Japon, du Vietnam et demain d’Indonésie de Malaisie et des Philippines. Les investisseurs asiatiques sont présents partout et un accord assez souple vient même d’être signé entre l’UE et la Chine.
Alors que faire contre ce raz de marée. C’est exactement la question que s’est posé le RU.
Et la réponse est : surtout ne pas rester dans le carcan administratif communautaire mais gagner un maximum de flexibilité, de réactivité, d’inventivité.
Oh il ne s’agit pas de reprendre la Chine sur le terrain technologique, c’est déjà perdu, mais de s’inspirer de l’esprit asiatique, dans lequel ce n’est pas la réussite individuelle qui compte mais la réussite collective. C’est vrai que pour cela le RU a quelques atouts, avec la honte de la royauté vécue comme une gifle collective donnée au reste du monde.
Concrètement toutes les normes qu’a inventées l’UE pour essayer de labéliser ses produits, se retournent maintenant brutalement contre elle, comme autant d’obstacles à la créativité et l’on vient de découvrir que l’estampille CE n’avait aucune valeur puisqu’auto-décernée.
C’est la proximité avec l’Asie que va chercher le RU, pas seulement pour l’économie mais aussi pour le modèle social. L’idée étant que c’est comme vivent les Chinois que va vivre le monde et non comme vit l’Europe, tas de vieux croulants incapables de faire face au moindre virus. La fixation de l’UE sur l’encensement de l’individu a un aspect sympathique pour les droits, mais un coté mortel pour les sociétés. D’une certaine manière le RU travaille pour nous en explorant un renversement de mentalité dans les rapports individu/société.
Mais vous le savez déjà la générosité des Anglais est assez limitée. Et la note sera sûrement salée.
Michel Costadau
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