Il y a des phrases qui ont le don de me hérisser et me font bondir au quart de tour. Par exemple :
» Ne vous y trompez pas, Macron espère que vous n’irez pas voter, .. il serait même prêt à vous donner de l’argent pour que vous restiez chez vous. » Chaque voix LFI est une force supplémentaire pour arrêter les délires libéraux de ce président et ses députés godillots.
C’est du mensonge délibéré. Non seulement il n’y a rien de vrai la dedans, mais en plus c’est anti-éducatif au possible. Faire croire au lecteur qu’aux européenne voter LFI peut arrêter les délires libéraux du gouvernement, c’est vraiment prendre les gens pour des demeurés.
Le gag c’est que exactement au même moment je me dis que ces élections sont un bonne occasion pour les courants dits d’opposition, GJ, RN, LFI, DLF, Générations, de …. ne pas voter.
En effet non seulement, le parlement issu de ce scrutin n’a aucun pouvoir, mais en plus un arrangement entre partis transforme la proportionnelle de chaque pays en la mainmise, à Strasbourg, d’une majorité conservatrice sur l’UE. Et il y a aussi cette affaire britannique qui revient à élire des doubles députés, c’est-à-dire à moitié faux.
Nous avons donc une excellente raison de ne pas cautionner ces errements technocratiques, puisque nos bulletins ne servent à rien. Cette élection n’ayant strictement aucun enjeu, c’est donc le moment de montrer l’utilité du non-vote. Car si une petite dizaine de partis français, plutôt que de critiquer l’europe appelaient à boycotter ce simulacre de démocratie, je crois que ça aurait un peu de poids.
Et voilà que la dessus, LFI appelle non seulement à voter pour lui, mais à voter tout court. Alors, là, j’ai le sentiment qu’ils sont en train de se tromper de route.
En toutes choses il faut une certaine logique. Que LFI se veuille un parti de gouvernement c’est leur droit. Mais la seule chance qu’ils ont d’y arriver c’est de s’allier au RN, un peu comme en Italie. Par contre le RN est aussi un parti de gouvernement mais lui a quand même beaucoup plus de chance d’y arriver, en particulier en s’alliant avec LR, comme en Europe centrale.
LFI se veut aussi un parti d’opposition. Or depuis que nous ne sommes plus en démocratie l’opposition ne sert à rien, c’est comme si elle n’existait pas. Il serait temps de s’en rendre compte, plutôt que de faire croire au gens que l’opposition contribue à la vie politique.
En plus c’est aussi un parti légèrement élitiste, dans le sens où ils défendent une ligne plutôt intellectuelle avec des propositions qui se veulent intelligentes. Seulement, j’ai le sentiment qu’ils mélangent sérieusement ces trois caractéristiques et que ça brouille complètement le message qu’ils veulent faire passer. D’où le malaise.
Eh oui qu’est ce qu’il leur a pris de cautionner cette comédie sur la reconstruction du toit d’une cathédrale, ou de se lancer dans une course aux votes. J’ai bien peur que ce soit une position uniquement électoraliste, comme si les électeurs allaient revenir parce qu’on tombe dans le panneau du politiquement correct. Ou alors dans le but de ne pas fâcher ceux qui ne votent pas pour eux mais pourraient y venir. C’est vrai qu’il y a eu des votes inattendus ces dernières années, en Grèce, en Italie, au RU, en Espagne, et hier en Ukraine mais ça toujours été pour des partis en rupture avec le système, mêmes si une fois installés ils trahissent.
De la même manière LFI s’accroche désespérément aux GJ, comme si c’était leurs petits soldats courageux devant les grenades. Mais je n’ai pas l’impression qu’ils soient payés de retour.
Du coup je ne comprends pas bien cette attitude. Je veux bien des insoumis mais pas des valets.
Michel Costadau
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