J’aimerais tant que quelqu’un me dise qu’il n’y a plus de guerres, plus de tortures, plus de prisonniers,
J’aimerais bien que les glaciers ne fondent plus, que les loups aient leurs territoires,
J’aimerais que les nuages ne soient plus radioactifs, qu’il n’y ait plus de galeries remplies de bidons toxiques,
J’aimerais que tout le monde mange à sa faim, que les coups de fouets n’existent plus, qu’il n’y ait plus de cités dortoir, de cités concentrationnaires, de cités déshéritées, de prisons à ciel ouvert,
J’aimerais que quelqu’un me dise que les enfants ont le ventre plein et non le ventre ballonné,
J’aimerais que les citoyens ne s’ennuient plus au point de passer des heures devant la télé.
J’aimerais ça parce que c’est possible, parce que ça ne dépend que de nous, ça ne dépend que des hommes.
Bien sûr ce ne serait pas le paradis. Il y aurait toujours, les maladies, les inondations, les tremblements de terre. Il y aurait toujours les hommes et les femmes, les envies, la jalousie, le désir de possession. Il y aurait toujours les années au climat difficile, les microbes, les naufrages et les requins. Mais reconnaissez qu’il y a vraiment de quoi s’occuper, du vrai travail à faire, de la recherche, de l’apprentissage, des découvertes et des améliorations. Et c’est un immense chantier qui nous attend.
A vrai dire, ce travail est déjà commencé. Un tout début de connaissance de notre planète et de l’univers, un début de balbutiement sur la nature humaine, les relations, l’éducation. En fait non, sur l’éducation nous en sommes encore au stade zéro. En fait il y a tout à faire.
Mais au lieu de consacrer nos efforts à notre espèce, à nos individus, à notre connaissance, nous nous épuisons dans la guerre entre nous, dans la consommation de denrées létales, dans le saccage de notre territoire, car notre territoire c’est la terre. Et pourquoi cela ? Pourquoi ces inutiles massacres ? Pourquoi ces horreurs continuelles ?
Pourquoi : parce que si au 19e siècle nous avons bien identifié les rouages du capitalisme et de l’exploitation de l’homme, nous avons utilisé les armes pour lutter contre lui, les mêmes armes que lui. Et comme ça au lieu de le supprimer nous l’avons développé. A tel point qu’aujourd’hui il a mis la main sur tout notre territoire, sur notre aire de vie. Car ce qui compte ce n’est pas de prendre le pouvoir à l’intérieur de la coquille, mais de percer la coque, de remplacer l’enveloppe, de la dissoudre. Quand vous changez d’ordinateur, si vous gardez le même logiciel vous n’avez rien changé.
Alors au résultat, notre terre et notre civilisation sont aux mains de gangsters organisés qui ont choisi leur seul et propre profit et non le bien commun. L’idée qu’il faut penser aux autres comme à autant de nous-mêmes ne s’impose pas par la force, elle ne s’impose pas tout court, elle s’enseigne et elle s’acquiert.
Car maintenant nous découvrons que le combat doit être celui des modes de pensée, des idées, de l’esprit, pas celui des armes, pas celui de la conquête violente, mais de l’éducation, de la discussion, de la compréhension. C’est le logiciel qu’il faut changer.
Il nous faut apprendre aux hommes qu’ils sont une même espèce et qu’ils ne se connaissent pas. Et que toute notre énergie doit nous être consacrée.
Pour moi, ça devrait être ça le sens de la vie. La connaissance de l’homme, de ses qualités de ses défauts, de ses rêves, de ses phobies. La connaissance de la nature, pour être dans la nature et non contre elle. Pour découvrir que nous faisons partie de la nature, que nous sommes la nature.
Michel Costadau
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