Pour faire un bon feu il faut trois bouts de bois, tout le monde sait cela. En fait c’est surtout vrai dans la steppe ou la pampa, c’est-à-dire en pleine nature. Parce que pour un bon feu dans la cheminée à la maison, deux bouts de bois suffisent largement. Deux ou trois on ne va pas se battre, mais dans la cheminée il y a, en général, un côté occupé par le mur auquel elle est adossée. La géométrie du foyer est donc affectée et crée un axe parallèle à ce mur. Dans ce cas-là deux bûches posées l’une contre l’autre sur les chenets entretiennent une bonne flambée.
Par contre là où le trois s’impose quelles que soient les conditions, c’est pour le démarrage ou l’allumage si vous préférez. La technique habituelle consiste à construite un mini tipi ou une mini yourte avec des bouts de bois assez fins et secs pour prendre feu facilement et une petite source de flamme en dessous. Seulement pour faire tenir deux bouts de bois l’un contre l’autre c’est pas fastoche, alors que trois branchettes tiennent facilement en pyramide chacune s’appuyant sur les deux autres. D’ailleurs le début de la construction du tipi c’est trois perches ligotées ensemble en haut et que l’on pose en triangle comme base, toutes les autres venant d’appuyer dessus pour former un cercle circonscrit au triangle. C’est comme ça que les tipis sont ronds.
Le trois est nécessaire aussi pour le feu de plein air. Certes il est possible de mettre des pierres pour tenir lieu de chenets, mais outre que l’on n’en dispose pas toujours, le plus efficace est d’utiliser trois branches comme pour l’allumage, afin de maintenir une circulation d’air à la base du feu. Car le secret du feu c’est l’air.
Le feu consomme une quantité incroyable d’air et bien sûr une quantité incroyable de bois. Je ne vous parle pas des incendies de forêts mais des tas de branches que l’on peut faire disparaître en quelques heures. Certes le frêne, même vert, brûle facilement mais une fois que le feu est bien démarré tous les arbres, y compris de chêne se consument tout en crépitant bruyamment signe que l’eau qu’ils contiennent se vaporise. Alors, bien sûr il y a les souches, ça c’est plus difficile à brûler en vert car la masse offre une résistance à la chaleur et il n’y a pas grand-chose à enflammer. Clairement l’entretien du feu dans la cheminée c’est un peu comme pour les centrales nucléaires, il faut lancer la réaction et ensuite la contrôler pour obtenir une lente combustion produisant une douce chaleur. Ceux qui disent que toute la chaleur part dans le conduit de cheminée sont simplement en train de constater un trop fort tirage. De même une cheminée qui fume, sous-entendu dans la pièce, montre seulement qu’elle ne tire pas assez.
Certes le tirage n’est pas facile à ajuster car il y a des facteurs simples, comme la hauteur de la cheminée au dessus du toit, plus c’est haut plus ça tire, et des facteurs plus compliqués comme le volume de l’âtre par rapport au volume de la pièce qui est un concurrent direct du tirage de la cheminée. Et qui n’a pas vu dans les chaumières une bande de tissus ornés souvent de quelques pompons, tendue entre les deux montants de la cheminée dont la vocation, outre de moins se cogner la tête, est en principe d’éviter que la fumée ne rentre dans la pièce.
Preuve une fois de plus qu’il n’y a pas de fumée sans feu et réciproquement.
Michel Costadau
Comments are closed.