L’homme est un animal lent mais redoutable. Son avantage tient à la triple alliance : œil, cerveau, main. Ce triplet vient à bout de presque toutes les difficultés. Presque, parce que l’homme a un point faible c’est sa corpulence. Non seulement il est lourd, visible et relativement peu mobile, mais surtout il consomme une énergie catastrophique. Le prélèvement de cette énergie dans la nature mobilise une grande partie de son activité et provoque en plus un accroissement de la taille moyenne de l’espèce induisant ainsi une sorte de cercle vicieux. Autour de 1m de taille, l’homme avait beaucoup d’atouts et un besoin d’énergie soutenable. Aujourd’hui à presque 2m ça pose un gros problème.
Parce que le vivant a essayé d’autres solutions. Par exemple la mouche. Là on est dans le léger, apte à marcher sur toutes les surfaces, dans toutes les positions. Du coup une taille et une masse dans un excellent rapport avec des besoins énergétiques faibles. L’avantage de la mouche provient aussi d’une triple alliance : mobilité, fécondation, reproduction. L’accouplement est ultra-rapide et la gestation si courte que la mouche est capable de peupler un coin favorable à toute vitesse, exploitant ainsi à fond toute opportunité qui se présente. Mais la mouche a aussi un point faible c’est qu’elle n’a aucune défense. Elle est donc une proie facile, au moins pour ceux qui sont plus rapides et qui aiment les mouches.
Et il y a du vivant encore plus léger. Par exemple la bactérie. Là on est dans le mini et même l’invisible pour l’homme et la mouche. C’est entre le végétal et l’animal et on ne sait pas trop si ça mange, mais en tous cas ça ne manque pas de nourriture car ça prend tout. Son avantage est unique mais un peu spécial car la bactérie ne meurt pratiquement pas. Elles supporte aussi bien la congélation que la stérilisation. En termes de besoins énergétiques on est dans des doses infimes. En fait c’est un parasite qui a besoin d’autres organismes pour vivre, mais cette stratégie est quasiment imbattable, parce qu’en retour elle se rend indispensable. Du coup son point faible c’est qu’elle est dépendante.
Alors bon est-ce que la question c’est : Qui va gagner ? Non, justement, pas du tout, il n’est pas question de se battre.
Certes oui la vie est un combat dans le sens où rien n’est facile et vivre demande des efforts. C’est le lot du vivant. Mais si la vie est un combat ce n’est pas la guerre. Je ne sais qui a inventé cette idée idiote du combat pour la vie, de la compétition et de la guerre. Des feignants surement, car c’est une solution de facilité et une voie de garage. La guerre c’est prendre par la force ce que d’autres ont fait. Certes c’est plus facile que de se baisser pour remuer la terre, mais c’est aussi complètement stérile.
Parce que dans le triplet magique, il y a un terme que l’homme utilise peu c’est le cerveau, c’est-à-dire penser. Penser c’est mettre son esprit sur une colline et regarder pour chercher à comprendre. Regarder les hommes vivre, pas la télé bien sûr. Et le spectacle est saisissant et permet de découvrir combien l’homme ne pense pas encore à lui. Pourtant les avantages de l’homme sont d’ores et déjà imbattables. S’il perd c’est que lui-même aura organisé sa perte. En fait l’homme est son principal ennemi, ce qui n’est le cas ni des mouches ni des bactéries. L’idée c’est que la vie n’a pas qu’une seule forme et que tout ça forme un ensemble.
Et ce n’est pas si difficile que ça à percevoir. Il suffit de regarder. Vous pouvez toujours essayer, ça ne coûte rien.
Michel Costadau
Comments are closed.