Quand je dis que le monde est devenu une unique et vaste usine de production de denrées, achetées par ceux qui y travaillent avec l’argent que leur donnent les propriétaires de l’usine, je ne fais que décrire la triste réalité. Rien que du connu. Les US produisent, la Chine, le Bengladesh, la France et la Suisse produisent. Et les Canadiens, les Indiens, les Australiens et les Chiliens consomment. Le monde entier produit et le monde entier consomme. Et cette situation a un moteur, un carburant, une religion et c’est le PIB. Tout le monde roule au PIB, vénère le PIB, adore le PIB. Les voitures, les médicaments, les armes, les distractions, le pétrole, les vacances, l’alimentation, les monnaies ne sont que les instruments du PIB. Aujourd’hui aucune vie n’est possible sans le PIB. C’est un gros problème.
Parce que le PIB a ses gènes.
Le premier c’est l’augmentation obligatoire ou la fuite en avant. Plus de production pour plus de produits, plus de clients pour plus de consommation, plus de recherche et de découvertes pour plus de nouveaux produits, plus d’internet pour écouler plus de produits, plus de pub pour acheter plus de produits, et plus d’argent pour ….. plus d’argent. Le but unique, le seul souci de la classe politique c’est d’augmenter le PIB, par tous les moyens. Celui dont le PIB baisse est mis au piquet. Et il n’y a qu’une seule chose qui n’augmente pas c’est la qualité. Là c’est plutôt le contraire.
Le deuxième, c’est l’accumulation des déchets ou la pollution généralisée. Le PIB n’a pas les moyens de retraiter ou réparer tous les dégâts qu’il fait, ça ne serait pas rentable. Il laisse donc cette tâche aux Etats qui eux tentent par tous les moyens de transférer les responsabilités des propriétaires sur chacun de nous. Au résultat, la planète est un véritable dépotoir avec un grand nombre de zones, en bas comme en haut, où plus aucune activité humaine n’est possible. C’est aussi pourquoi le réchauffement, la qualité de l’air, de la mer et aussi les droits de l’homme ou de la nature sont immolés sur l’autel de la consommation et de la production. Ça ne vous a jamais étonné que les pouvoirs publics donnent sans compter aux entreprises qui s’installent dans leur région, vous n’avez pas trouvé bizarre qu’aucun compte ne soit jamais fait des sommes dépensées dans ce sens, sommes que nous payons les yeux fermés. Moi si, et j’ai compris que l’Etat est marqué au fer rouge par le PIB. Pas marqué au bien commun, non, marqué au PIB.
Et le troisième gène, le plus terrible, c’est la destruction de la vie. Après les massacres de la conquête de l’Ouest, des colonisations européenne, japonaise et autres, des guerres mondiales et locales, le modèle imposé à chacun « produire/consommer » empêche le monde entier de vivre. A chaque individu on dit ce qu’il doit faire, ce qu’il doit produire, ce qu’il doit chercher, comment il doit le faire, à quelle cadence. On lui dit aussi ce qu’il doit acheter, ce qu’il doit consommer, ce qu’il doit remplacer. Dans les écoles, on apprend à devenir les rouages de l’usine, on forme des travailleurs, pas des êtres pensants. Plus aucun individu ne se pose de questions pour trouver les formes, les moyens, les choix de sa propre vie. Il y a seulement le nivellement de : quel est ton travail ? ce qui veut dire qui est ton propriétaire ? et qu’est ce que t’as acheté ? ce qui veut dire à quel propriétaire as-tu donné ton argent ?
Et c’est pourquoi ceux qui ont voté Trump, Modi ou Macron, et sont les vrais fanas du « produire/consommer », n’ont fait que ratifier le choix du business pour les nouveaux chantres du PIB.
Et le prochain dictateur sera celui qui permettra aux usines de produire encore plus de biens et de services, aux citoyens de consommer encore plus.
C’est la loi du PIB. C’est le fonctionnement de l’usine.
Michel Costadau
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