Quand une antilope se fait manger par une panthère, le troupeau ne décide pas d’attaquer toutes les panthères du coin. Quand un ver de terre se fait manger par une taupe, la population des vers de terre ne décrète pas la guerre totale contre les taupes. Et quand une sardine passe dans la bouche d’un marsouin, toutes les sardines n’ordonnent pas la lutte contre les marsouins pour toutes les générations.
Je ne sais pas quel est l’imbécile qui a inventé la vengeance, mais il a fait un mortel cadeau à l’espèce humaine. La haine, l’envie, la colère sont des sentiments, mais la vengeance est un acte délibéré, un assassinat gratuit. Oui la guerre existe au sens du combat entre espèces ou même à l’intérieur d’une espèce. Mais la vengeance n’existe pas dans la nature. C’est propre à l’homme ou plutôt à certains hommes qui n’ont pas compris la différence entre individu et population.
Le prélèvement par un carnassier de quelques rongeurs ne remet pas en cause les rongeurs. Bien au contraire puisque c’est en quelque sorte leur garde-manger. C’est comme ça que ça marche avec des équilibres à mouvements lents.
Et c’est comme ça que ça a marché pour nous pendant des millénaires, et puis il y a eu une déviance. Et cette déviance vient, symboliquement, de la déification de certains hommes, en rupture avec l’appartenance à leur espèce, mortelle comme elles le sont toutes.
C’est là l’enclenchement de la vengeance. Les tumulus, les pyramides, les mausolées sont là pour nous rappeler le moment ou certains se sont séparés de l’espèce. N’en faisant plus partie ils en sont devenus les ennemis. Et l’homme est devenu un gros perturbateur parce que s’élever au-dessus des hommes, c’est se croire au dessus de la nature.
Mais c’est la nature qui existe, pas les dieux.
Que l’homme élève des animaux afin de les manger n’est pas antinaturel en soi. Les fourmis et d’autres surement en font autant. Non là ou l’homme déraille complètement, c’est de chercher à mettre l’individu au-dessus de la population. En fait seulement certains individus puisque la plus grande partie de l’humanité est élevée par d’autres pour les servir, avec la même utilité que les porcs et les poulets.
Bien sûr, certains peuvent nier que l’espèce humaine existe et dire qu’il n’y a que des individus extrêmement différents les uns des autres et que chaque humain est un trésor génétique unique et irremplaçable.
Seulement voilà, ce n’est pas vrai.
Le vivant ne fonctionne que par espèce, pas par individus. Je l’ai déjà dit « un » homme ça n’existe pas, ça n’a ni sens ni valeur. Pas plus qu’un bulot ou qu’un moustique. Par contre « les » hommes, l’espèce humaine, oui ça veut dire quelque chose, ça compte, ça a de la valeur.
Et aujourd’hui nous faisons les travaux pratiques et ça coince sérieusement. Car ceux qui dirigent le monde, n’ont à la bouche que la protection des individus, le respect de la vie, la mise en œuvre médiatisée de tous les moyens possibles pour sauver une vie.
Alors que ce sont ceux-là même qui ont détruit des populations par les guerres et qui continuent, qui massacrent la nature, qui développent des armes atomiques, chimiques capables de détruire complètement l’espèce humaine. Oui ce sont eux qui menacent notre espèce et qui emprisonnent les gens pendant des mois dans des carcans de mesures pour un virus qui lui ne représente aucun danger pour l’espèce.
Michel Costadau
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