Quand on dit que « l’enfer est pavé de bonnes intentions » on reste sur une version assez naïve qui innocente un peu le fauteur. Mais quand la bonne intention est délibérément et intentionnellement un acte malfaisant, je crois qu’on pourrait transformer le dicton en « n’hésitez pas à utiliser les bonnes intentions comme camouflage des mauvaises actions » .
Je vais vous expliquer ça par rapport aux zones humides et aux moustiques. Depuis quelques années, les pouvoirs publics, et on sait qui c’est, ont accepté de satisfaire la demande de la population pour éradiquer en début de saison les larves de moustique et de quelques autres insectes volants. Cela permettait de séjourner en ville et en vacances avec les fenêtres ouvertes, ou avec une simple moustiquaire. Alors bien sûr cette éradication utilise des produits insecticides dont la nocivité est à la mesure de l’efficacité.
Les choses auraient pu en rester là, mais quand même ces produits nocifs restaient en travers de la gorge de quelques uns. Et voilà qu’arrive un deal magique : au non de la santé publique nous, pouvoirs publics, allons arrêter d’éradiquer les moustiques afin que la population supporte moins de produits nocifs et….. que ces charmants insectes puissent se développer en liberté.
Le coup est pour eux gagnant-gagnant, d’abord ils font des économies, sans pour autant diminuer les impôts bien sûr, et ensuite ils repeignent leur blason en vert, c’est-à-dire en propre.
Mais en fait le coup est pour nous perdant-perdant. Eh oui, parce que la conséquence de l’attitude des pouvoirs publics c’est……qu’il y a beaucoup de moustiques. Et comme il y a des moustiques, la population cherche à se défendre et achète à-tout-va des insecticides dont, on l’a déjà dit, la nocivité est à la mesure de l’efficacité. Et cette fois ce n’est plus seulement la zone de ponte qui reçoit des insecticides mais chaque habitation, c’est-à-dire la ville entière. Qui plus est, en cherchant à se protéger la population achète, c’est dire dépense, c’est-à-dire consomme, en étant une proie facile pour les marchands, et fait monter le PIB. Ouaouh. Nous voilà donc avec une mesure pleine de soi-disant bonnes intentions : protéger la nature, et qui vire discrètement et directement à la pollution et à la surconsommation. Bingo.
Michel Costadau
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