Certains semblent s’étonner qu’en pleine épidémie il y ait des réactions fortes aux actes racistes, aux méthodes policières, aux symboles de domination ou aux déformations de l’histoire.
En fait ce sont simplement quelques effets de la mutation en cours avec un nouveau changement de mentalité, surtout chez les jeunes il est vrai.
Mais qu’est-ce qui a changé ? Ce qui a changé c’est le rapport de chacun à son existence. Schématiquement nous sommes passés :
– d’individus se sentant isolés avec la seule possibilité de se regrouper localement pour se défendre contre un monde matériel et économique,
– à un nouveau niveau de prise de conscience de l’identicité, de la similitude, de la communauté de tous les humains.
Bien sûr ce mouvement planétaire est en cours depuis longtemps, mais progresse par sauts qualitatifs à l’occasion de crises. Et cette épidémie a vraiment été un important déclencheur par la découverte d’une exposition vraiment mondiale. La bombe atomique japonaise avait encore un caractère local et, jusqu’à présent, les crises économiques touchaient l’occident et non tous les continents.
Et du coup le racisme devient incompréhensible parce qu’il s’est avéré impossible de refuser de soigner quelqu’un au nom de sa couleur. Les méthodes policières deviennent insupportables parce qu’elles tentent de séparer quelques humains du corps unique que constitue l’humanité. De même il est difficile de supporter les honneurs attribués à des négriers alors que la santé est en train de devenir un bien commun. Quand aux déformations de l’histoire, on les supporte depuis longtemps avec par exemple le mythe de la conquête de l’Ouest qui n’a consisté qu’en une guerre d’extermination, et on ne l’avoue toujours pas, mais ça progresse.
On peut résumer la prise de conscience par un slogan : tous égaux devant le virus.
En fait ce n’est pas tout à fait vrai puisque le virus s’est développé surtout dans les organismes les plus fragiles ou, ce qui est la même chose, les moins résistants. Certes c’est lié à l’âge mais tous les octogénaires sont loin d’y être passés et chez beaucoup de gens le virus a été bénin. Mais, vous le savez, il reste encore beaucoup à apprendre sur le sujet.
Néanmoins cette exposition mondiale a rendu les discours inaudibles. C’est-à-dire que ce qui était bien intégré par une grande partie de la population est, d’un seul coup, devenu repoussant pour ces mêmes personnes. Par exemple l’« América first » de Trump qui était ressenti comme « on va enfin s’occuper de nous » par la classe moyen pauvre a basculé vers « mais qui s’occupe de nous ? ». Ce n’est, évidemment, pas du tout pareil.
Et chez nous la rengaine réformatrice du clown, basée sur la suppression d’emplois a perdu tout son sens quand elle a été remplacée par une course à la sauvegarde des emplois. En deux mois, le gouvernement a détruit plus d’emplois que la crise pétrolière de 73 et maintenant il faut endiguer ce qui, il y a trois mois, était souhaité. Ah oui j’oubliais de dire que la population a une énorme résilience et retient de l’épisode non pas 30 000 décès, mais tous les millions d’euros et d’emplois envolés. Les décès on y est habitués, la gabegie pas encore.
Michel Costadau
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