Il semblerait que mes billets ne rayonnent pas d’optimisme et de joie de vivre. On pourrait presque dire que je ne vois que le mauvais côté des choses. Et certains auraient même l’impression que je ne propose rien de concret et que j’estime que toutes les actions sont vouées à l’échec. Bigre.
Qu’y a-t-il de vrai là dedans ?
D’abord je ne crois pas que toutes les actions soient inutiles, pas du tout, mais il faut quand même appeler un chat un chat. Nos conquêtes politiques se résument au programme du candidat à la présidence, qui, une fois élu, applique ses « promesses ». Alors, oui, dans les conditions de travail il y a des avancées sur la pénibilité, les formations, la protection ou la mixité. C’est vrai mais cela ne concerne que les entreprises traditionnelles et encore pas les petites.
Parce que le plus grand taxi du monde Uber n’a ni voitures ni salariés, le plus grand loueur d’appartements du monde Airbnb n’a ni salariés ni appartements, le plus grand livreur de pizzas du monde Deliveroo n’a ni pizzas, ni vélos, ni salariés et Blablacar n’a ni chauffeurs ni voitures. On peut donc dire que d’un côté il y a les salariés classiques avec une certaine protection : fonctionnaires, employés de Total, Airbus, Renault and co, professions libérales statutaires : médecins, avocats et Cie et de l’autre côté il y a les précaires et les jetables. Ceux-là sont de plus en plus nombreux, de plus en plus à la limite de la pauvreté. Je ne suis pas sûr que l’on puisse appeler cela des conquêtes sociales.
Et en face de cette situation, le discours des politiques est de moins en moins crédible. Vouloir en même temps défendre la voiture électrique et la suppression du nucléaire n’a non seulement aucune logique mais est en plus particulièrement trompeur, puisque le bilan global de la voiture électrique est loin d’être positif. Et je ne parle pas des hybrides qui elles sont carrément doublement polluantes.
D’ailleurs on peut dire que nos dirigeants sont figés dans le modèle économique du début du XXe siècle : pétrole, moteurs, autoroutes. On dirait que l’automobile est leur seule feuille de route. D’ailleurs une des premières mesures de Macron a été la vitesse à 80, ensuite le retour à l’essence, puis le tout électrique, ensuite le bannissement du diesel, puis l’interdiction des voitures en ville et maintenant les taxes sur les carburants routiers ou non-routiers. Quand s’intéressera-t-il aux cargos, aux avions et aux usines ?
En plus, toutes ces mesures n’ont pas de bonnes justifications. La vitesse à 80 a permis de s’habituer à ne ralentir qu’au niveau des radars. Le retour à l’essence c’est choisir le CO² contre les particules, bannir le diesel c’est ignorer les filtres et la faible consommation des véhicules au gas-oil, la taxe sur les carburants, c’est prendre les automobilistes en otages.
J’ajoute pour ceux qui n’auraient pas bien compris le mécanisme, que la dissuasion par les prix pénalise uniquement ceux qui ont peu de moyens. Attaquer le Français au portefeuille c’est attaquer seulement les plus démunis. Vous savez, ou pas d’ailleurs, que c’est la règle des pourcentages : 20 € de plus sur un plein ça ne fait pas pareil sur une fiche de paie de 1200 € que sur une de 6000 €. Ca fait même 5 fois plus. Alors, que ceux qui proposent le diesel à 3 € le litre ou plus pour diminuer la pollution se taisent, car les seuls qui rouleront moins seront les précaires avec leurs voitures, vieilles, polluantes et mal chauffées. Les autres rouleront comme avant avec en plus la bonne conscience.
Alors effectivement mes billets ne sont pas très réjouissants mais de quoi voulez-vous vous réjouir en fait ?
Michel Costadau
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