Dans le registre comment marchent les choses compliquées, on va regarder ce qui se cache derrière le PIB. A vrai dire rien n’est caché, on connait sa valeur, ses modes de calcul car il y en a plusieurs qui donnent tous le même résultat ouf, et surtout son évolution. On connait le PIB de chaque pays, le PIB par habitants et on compare les PIB. C’est « the indicator » de la « croissance ». Waouh, croissance de quoi ?
En fait la seule chose que l’on ne connaît pas c’est pourquoi la finance et les politiques sont accros au PIB.
En effet le PIB n’est pas la somme du chiffre d’affaires de toutes les entreprises. Ce n’est pas non plus la somme des bénéfices des sociétés. Ce n’est pas non plus la somme des investissements en recherche et développement et ça n’a aucun rapport avec le nombre de salariés. Alors qu’es aquo ?
Voilà, voilà : le PIB ne mesure que la manière dont les acteurs économiques valorisent ce qu’ils achètent pour fabriquer un produit ou un service et le mettre sur le marché. Ah bon, ils valorisent, mais ça veut dire quoi. Ça veut dire qu’ils ajoutent de la valeur, c’est-à-dire du prix. Si tout ce qu’ils ont acheté à d’autres pour faire leur produit vaut 40 et que le produit qu’ils mettent sur le marché vaut 90, ils ont ajouté une valeur de 50. Le calcul de cette valorisation est purement comptable et résulte, en gros, de la différence entre le montant des ventes produit et le montant des achats fournisseur. Le PIB français est alors la somme de toutes les valeurs ajoutées par les acteurs économiques français pendant une année.
Ainsi chaque acteur essaie autant qu’il peut d’ajouter de la valeur et clairement il y a deux top-top dans cette course, c’est quand le prix de vente est exorbitant et quand les achats sont proches de zéro.
Prix de vente exorbitant c’est d’une manière générale le luxe, c’est-à-dire quand l’acheteur se moque complètement du montant du chèque, comme si 10 000 ou 100 000 c’était pareil. C’est mode, peinture, voiture, villas et autre.
Et il y en a beaucoup.
Pour l’anecdote il y a 50 ans, je ne sais plus quel journal, avait fait un concours pour savoir qui dépenserait le plus d’argent en un we. Le vainqueur avait été un légionnaire qui avait réussi à acheter deux porsche et emmener des call girls en virée. Fin de l’anecdote parce qu’aujourd’hui ça irait beaucoup plus haut.
L’autre top-top c’est quand les achats sont proches de zéro. Ça a été le cas de l’exploitation des ressources naturelles mais c’est, maintenant, le domaine des sites internet commerciaux basés sur une idée comportementale. Le produit informatique ne leur ayant pratiquement rien coûté, puisqu’ils l’ont développé eux même, les achats sont limités au fonctionnement informatique du site. C’est uber, airbnb, blablacar et autre.
Et il y en a beaucoup.
Mais vous allez me dire qu’il faut bien payer des salariés pour faire fonctionner tout ça. Oui, mais ça n’entre pas dans le PIB. C’est justement la valeur ajoutée de chaque entreprise qui lui sert à payer les salaires, faire des investissements…et du bénéfice. Mais bien plus que le bénéfice ce qui intéresse les investisseurs c’est la valeur de leur mise. Et l’augmentation de la valeur ajoutée a exactement pour effet d’augmenter la valeur de leurs actions, même si l’entreprise fait des pertes et ne distribue aucun dividende.
Voila que l’on commence à comprendre : Le PIB ne mesure pas du tout la croissance au sens amélioration des conditions de vie, mais seulement la croissance de la richesse des actionnaires et des investisseurs. Nous avons donc notre réponse pour la finance : la croissance du PIB est la croissance de leur argent, de leur fortune.
Et alors les politiques ? Ben vous connaissez déjà la réponse. Les politiques n’étant que les agents des financiers ils n’ont qu’un seul but : continuer, coûte que coûte, à faire croitre le PIB de leurs donneurs d’ordre. Je dis bien les politiques, quels que soient ceux que vous croyez choisir. Tous ne cherchent qu’à servir le PIB. Bien sûr chaque politique utilise un habillage, on pourrait dire un déguisement, pour couvrir son service du PIB. Certains utilisent l’immigration, d’autres l’environnement ou les services publics. Mais ça ne change rien à leur seul rôle : faire croître le PIB. Tous unis, oui, mais contre nous.
Michel Costadau
Comments are closed.