Ca y est le fossé est creusé et la tranchée s’élargit entre les gouvernants et la population. Oui les manifestations actuelles sont portées par une grand nombre de citoyens, les marques de soutien sont constantes et visibles et pas seulement sur les voitures, mais tout ça n’est que le résultat des nos dernières élections désastreuses.
Car cette espèce d’hébètement, pour ne pas dire d’abattement, que nous connaissions depuis un an était surprenant. Du coup ça fait du bien de voir que le clivage existait et que la grogne est sortie parce que trop c’est trop. Il y a un mouvement, il a du souffle et les signes d’une base populaire sont patents.
N’étant jamais aussi bien servi que par soi-même je me décerne une toute petite contribution à l’émergence de ce ras-le-bol avec mes billets d’humeur et de réflexion. Alors continuons à réfléchir. Je ne vais pas parler de la situation des manifestants, ils se débrouillent très bien, je vais parler de la situation des politiques.
J’ai déjà dit et beaucoup d’autres avec moi que notre système électoral est vicié à la base par la création de majorités artificielles. Le programme de nos présidents ne dispose, en fait, que des votes qu’ils ont recueillis au premier tour avec une plus ou moins grande avance sur le ou les suivants. Jusqu’à présent, le candidat de tête avait pas mal de points de plus que son concurrent et les autres étaient loin. A la dernière élection, on avait quatre candidats au coude à coude, entre le quart et le cinquième des votes. Ca veut dire que les deux qualifiés pour le deuxième tour ne représentaient même pas la moitié des électeurs. Et encore ça c’est la partie émergée de l’iceberg. Parce que la réalité brute c’est que l’élu a plus des ¾ des électeurs contre lui. C’est un minoritaire et même ultra-minoritaire.
Je dis donc que Philippe Macron avait d’entrée de jeu un handicap de représentativité énorme. Ca aurait du lui dicter une politique encore plus de consensus que ses prédécesseurs qui avaient pourtant une meilleure légitimité.
Mais bien au contraire il a cherché le clivage.
D’abord en demandant une majorité présidentielle au parlement. On a déjà connu cela et le résultat a été une nouvelle assemblée de godillots, complètement coupés de base électorale ancrée dans le terrain, c’est à dire les gens. J’ai le sentiment que cette fois la leçon a été enregistrée dans la population et que ça ne se reproduira pas.
Ensuite, en formant un gouvernement de technocrates. Car il ne faut pas confondre société civile et copains de promos. Les choisis étaient des inconnus pour nous, mais pas pour eux, au contraire. Presque uniquement des personnes issues de la haute administration ou des entreprises. Certes il y a eu quelques récompenses pour les politiciens qui avaient changé de camp en cours de campagne, genre Bayrou, mais ça a été très limité. Et voilà que ces heureux élus se mettent à faire la seule chose qu’ils connaissent : la mesurette. On en a déjà parlé on n’y revient pas. Mais le résultat c’est l’incompréhension et la stupeur. Le diesel en est un excellent exemple.
Enfin, en pratiquant une politique purement financière. La lutte contre le réchauffement, la pollution ou la casse sociale ne se fait pas à coup de taxe d’habitation, de prix de la tonne de CO² ou des taxes sur les carburants. Certes il ne faut pas augmenter les impôts, mais les Français ont d’abord besoin qu’on les considère, qu’on leur donne une école, une justice et une police à leur service, faits pour tous, au service de tous. Nos citoyens ont besoin qu’on ne leur reprenne pas d’une main ce qu’on leur donne de l’autre. Nous ne sommes pas des animaux. Nous voulons un peu de considération.
Alors pour Philippe Macron, la messe est dite. Qu’il parte ou qu’il reste c’est fini, il ne fera plus rien que du mal, alors autant qu’il s’en aille. Mais pour les autres, je leur demande de faire ce que la population est en train de leur montrer. Qu’ils se mettent au service des électeurs, qu’ils fassent cause commune avec les citoyens. Insoumis, RN, gauchistes, souverainistes, communistes, montrez que vous pouvez travailler ensemble, car c’est ce que le peuple demande et a déjà commencé. Finis les anathèmes, les cordons de sécurité, les pactes républicains. L’heure est à la refondation. Nous, nous sommes prêts, mais attention nous pourrions avoir l’idée de nous passer de vous.
Michel Costadau
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