En fait de couple celui de Vienna n’a jamais dû marcher. Je ne sais pas ce que Bulan pourra me dire là-dessus mais maintenant il faut en parler. Enfin demain parce que pour le moment je vais me faire un petit frichti et aller dormir.
***
Je me lève sans savoir si Timor est rentré. D’ailleurs rien ne bouge. Je prends mon café et prépare le nécessaire pour mes livraisons. Je quitte la maison en respectant mon timing, c’est déjà ça. Je descends à Saint-Cyr et me dirige au gps vers la rue des champignons. Devant le 57 je m’arrête car je vois un chien dans la courette et je n’aime jamais cela. Je sonne et une dame vient m’ouvrir. Je lui dis que j’ai un colis pour Mme Dorian. Elle me répond que c’est elle et je lui précise que je dois m’assurer de l’identité du destinataire par quelques questions :
-Vous êtes née le jour du décès d’uen icône du cinéma et français,
-Drôle de question. Ah oui je suis née le jour de la mort de Bourvil,
-Votre prénom commence par la même lettre que son vrai nom, c’est-à-dire R,
-De plus en plus original votre truc, Oui mon prénom commence par R, c’est Reine,
-Cette maison est à vous, mais vous n’en êtes pas propriétaire, pourquoi ?
-Dites donc vous en savez des choses,
-C’est plutôt vous qui les savez justement,
-Je suis obligé de répondre à tout ça ?
-Oui si vous voulez recevoir le colis,
-Bon alors c’est parce que la maison est construite sur le terrain de mon mari, elle est considérée comme un bien meuble m’appartenant,
Bien, tenez c’est pour vous, dis-je en sortant un joli carton de mon sac.
L’autre livraison se passe moins bien car je ne trouve pas l’adresse que je cherche. Comme d’habitude je pratique un subtil compromis entre me renseigner pour savoir où est l’erreur et ne pas me faire remarquer. Le compromis m’amène à arrêter.
Je rentre à la maison, pile-poil pour déjeuner avec Timor et Sazak qui ont préparé le repas. C’est gentil de leur part et nous passons un bon moment terminé dans la douce quiétude du café journal, enfin pour moi, car Timor et Sazak se retirent dans leur chambre.
Ca va être le temps d’aller voir Bulan qui doit être en train de répéter ou composer. A mon avis 16h30 sera une bonne heure, il aura peut être envie d’une pause. Et moi d’éclaircissements. A16h15 je quitte la maison assez lentement et j’arrive chez Bulan un peu après la demie. C’est lui qui m’ouvre, un tout petit peu étonné que ce ne soit pas Sazak. Je lui dis que je voudrais discuter cinq minutes. Nous allons dans le salon où il me propose un thé et je dis d’accord, pas trop infusé alors. Allez je me lance :
-Tu sais le messager est passé me voir,
-Ah bon et qu’est ce qu’il a dit ?
-Qu’il revient la semaine prochaine. Tu n’es pas au courant ?
-Non, pas du tout, je ne pensais pas qu’il reviendrait si tôt,
-Moi non plus, mais là il faut que tu m’en dises un peu plus sur lui et ta mère si je peux encore vous aider,
-Oui je comprends, c’est délicat parce que nous-mêmes nous ne connaissons pas bien le début, on était trop petits,
-Et après il était parti c’est ça ?,
-C’est ça, et entre les deux il y a eu une période bien courte,
-Peut-être quelques photos de cette période ?
-Des photos nous n’en avons pas, c’est-à-dire plus, maman a bazardé toutes celles où il était, y compris dans les albums,
-Quels souvenirs as-tu alors ?
– Quelques images fugaces de rire avec mes sœurs et quelques moments pénibles. Oui une fois au bord de la mer ou de l’océan maman ne parlait pas mais elle regardait d’autres personnes sur la plage. Je ne sais pas qui, mais son regard était fixe et dur et me faisait peur. J’avais peur que ce soit de ma faute, que quelque chose soit de ma faute. Enfant j’avais toujours le sentiment que les autres et surtout ma mère ne regardaient que moi, comme si j’étais sur le point de faire une bêtise. Il faut dire que j’en faisais beaucoup. Enfin je ne sais pas la quantité, mais j’avais toujours l’impression que j’en avais fait une et que tout le monde le savait.
Michel Costadau
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