-Eh bien nous avons mis au point un protocole auquel sont soumis les objets qui nous sont proposés. Et c’est vrai qu’il y a beau coup de gens qui confondent avance et retard ou même qui amènent des réveils cassés. Heureusement nous restons calmes,
-Madame, tout est ok pour moi, je vais vous donner votre colis.
Je me retire une demi-minute pour prendre mon paquet et je le remets à cette dame, charmante au demeurant.
Je rentre à la maison en me disant que j’ai besoin d’un petit défoulement, genre voir des copains. Sitôt arrivé je passe chez Bulan pour l’inviter le soir même avec ses sœurs, y compris Timor. Je lance encore quelques coups de fil et ça se met en place. J’ai le temps de faire quelques courses, avec surtout de la boisson mais aussi des fruits secs et de la charcuterie. Aie j’ai failli oublier le pain et tant qu’à faire je prends, aussi, quelques fruits et de l’eau minérale. Même moi j’en bois, en dehors des repas bien sûr.
En plus les amis vont venir chacun avec une petite contribution et dans ce cas il faut amener ce que l’on aime, comme ça on est assuré de trouver quelque chose à son goût. Evidemment dans le cas d’un anniversaire ou d’une invitation avec un motif, il convient d’apporter ce qui plait à la puissance invitante puisque l’on vient pour la fêter. Par contre dans le cas ou vous allez chez des gens d’un milieu beaucoup plus aisé que le votre il convient de ne rien amener, parce que quoique vous apportiez, ils trouveront ça dérisoire ou bien ils croiront que vous voulez vous gonfler. L’inverse est vrai, c’est à dire que si vous allez chez des personnes plus modestes que vous, n’hésitez pas à arriver les bras chargés, ils ne croiront pas que vous leur faites la charité mais seulement que vous avez voulu leur faire plaisir. Le tout, dans les deux cas, avec retenue et simplicité quand même.
Le premier arrivé est une première, une copine de Bulan, sympa et virevoltante, une fée très clairement attirante et qui aime rire. Elle m’aide à mettre sur une table ce que j’ai préparé ainsi que ce qu’elle amené, c’est-à-dire un baba au rhum. C’est vrai que je ne pense jamais aux sucreries, mais elle, elle y a pensé. C’est bien. Je lui demande ce que je mets comme CD de musique. Elle me répond :
-Le plus simple c’est de mettre une radio, pas trop fort. Par exemple Radio bubamara vo zivo,
-Inconnu au bataillon, d’où tu sors ça,
-Ca s’écoute sans te prendre la tête, il n’y a rien à comprendre et c’est un peu rétro, donc ça convient à tout le monde.
Nous voilà donc avec un fond musical.
Petit à petit arrivent les autres et le niveau sonore monte au fur et à mesure que descendent les verres. On ne peut pas parler de discussion, c’est plutôt un roulement de paroles qui ne s’accrochent presque plus entre elles, sauf parfois par un détail, la chute d’un mot qui rebondit. Mais le sourire est en force et même les tristounets ne peuvent éviter à leurs visages de s’éclairer. C’est que le plaisir d’être ensemble est communicatif. Pendant que je ravitaille la table, je saisis à la volée des bribes d’échanges :
-Non, il le lui a pas dit…
-J’en ai pas cru mes yeux…
-Tu sais que le petit m’a fait trois jours de fièvre…
-J’ai pas osé…
-C’est quoi ce tissu…
-Ma mère a toujours cru…
-Comment veux tu que je le sache…
-J’ai commencé par une salade…
-Si si, c’est sûr il pleuvait…
-Moi, non, mais lui en plein…
-J’ai essayé deux fois mais tu sais…
-Qu’est ce que tu entends par modestie…
-Je te l’ai dit trois fois déjà…
-Le mal est fait…
-C’est un charmeur c’est tout…
Alors c’est Taqui qui d’un seul coup lance : mais ça se danse ça. Elle se met à remuer en rythme, bientôt imitée par d’autres. C’est vrai que ces musiques turquo-autrichienne vous incitent facilement à bouger. Ca fait du bien de remuer tout en croisant des regards enjoués. Certains en profitent pour danser à deux, d’autres à trois. De toutes façons nous ne sommes pas très nombreux alors il y a deux ou trois groupes au maximum. Mais c’est l’heure du sentiment collectif. De la magie des mélodies et des rythmes. Certains ont un verre à la main, d’autres les mains libres qui virevoltent autour d’eux et ceux qui ont un verre finissent par le poser pour être plus libre de leurs mouvements.
J’en profite pour aller m’asseoir dans le jardin.
Michel Costadau
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