Le vendredi soir tout est en place et nous dinons chez Bulan, y compris avec les voisins. C’est lui qui a préparé le repas, avec une salade verte aux agrumes et une omelette aux pommes de terre. Les voisins ont amené un rouge léger et parfumé du Sud-Est qui va très bien. La discussion roule sur l’art et les styles de la peinture contemporaine mais il est difficile de savoir si seulement il y en a. Nous nous séparons assez rapidement pour être d’attaque le lendemain. Je rentre avec Sazak et Timor et je bois un petit verre avec lui avant d’aller me coucher.
C’est l’odeur du café qui me réveille, étrange odeur qui sent le chaud et vous attire inexorablement.
En plus il est bon le café préparé par Sazak. C’est bien réveillé et en forme que nous allons chez Bulan prendre nos postes. Ca fait un peu militaire notre organisation mais dès 10h il y a de l’occupation avec plus de visiteurs que nous avions imaginés. Des connaisseurs en plus, heureusement les voisins savent répondre aux questions plus spécialisées. Comme convenu Vienna se tient chez Bulan et je me positionne chez les voisins. J’essaie d’observer les visiteurs et de temps en temps je me dis « tiens ça pourrait être lui ». A vrai dire je ne connais personne, certes ce n’est pas tout à fait mon quartier mais quand même, j’en suis un peu étonné.
A midi nous fermons pour prendre un repas tous ensembles. Nous rejoignons Vienna qui est en forme après son heure de discussion avec les amateurs d’art. Elle nous explique d’ailleurs qu’elle s’est prise au jeu et qu’elle était contente quand quelqu’un voulait acheter une œuvre. Acheter n’est pas le mot exact puisque qu’il s’agissait seulement d’une réservation. On mettait alors une étiquette sur le tableau avec la mention 1 offre, ou 2 offres si deux visiteurs avaient fait une réservation. En tout il y avait déjà trois réservations dont deux pour le même.
L’après-midi se déroule sans incidents particuliers avec un peu moins de visiteurs, mais des gens connaissant la famille de Vienna ou celle des voisins. Le soir c’est chacun chez soi, ce qui fait que je me retrouve seul, ce qui m’arrange un peu parce que ces journées à voir du monde c’est pire que regarder la télé, moi ça me fatigue.
Le dimanche matin se lève dans un léger brouillard lumineux sous quelques rayons de soleil diffusant une teinte rose. C’est à la fois joyeux et un peu mystérieux, mais c’est signe de beau temps. Chacun est en place pour le deuxième round. Je suis en train de prendre un café chez les voisins quand Taqui vient me dire : contact établi, il faut que tu viennes.
Je la suis et nous entrons chez Bulan au milieu de quelques visiteurs. Elle m’emmène dans la cuisine ou je vois Vienna et un inconnu, pas très grand, au visage rigide assis en face d’elle. C’est lui qui prend la parole directement :
-Je ne cherchais pas Vienna mais je savais qu’en la cherchant je vous trouverai et c’est vous que je viens voir. Assoyez-vous,
-Volontiers si vous acceptez d’expliquer votre attitude particulièrement hostile et même malfaisante à l’égard de Vienna,
-C’est simple je déteste cette famille non sans raisons,
-C’est quand même votre famille ?
-Non ce n’est plus ma famille c’est une bande de hors la loi repliée sur eux mêmes,
-Mais moi je ne fais pas partie de cette famille que je sache,
-Vous avez contrecarré mes actions en soutenant Vienna quand elle est venue à Paris et vous avez l’intention de continuer, vous êtes donc mon ennemi,
-A priori je me demande si vous n’inventez pas ce sentiment car il n’y a pas de réciproque, vous tenez une position unilatérale qui est peu défendable. Pour moi vous êtes l’ex de Vienna, mais pas encore mon ennemi,
-Je ne suis pas venu pour discuter, je suis venu vous dire que l’un de nous deux est de trop. Soit vous partez, soit je vais vous y obliger. Et quand je dis partir ce n’est pas pour une semaine c’est pour toujours, est ce clair ?
-Ce qui est clair c’est que vous êtes un peu malade, peut être même beaucoup. J’espère pour vous que ça se soigne, sinon votre avenir ne sera pas particulièrement rose,
– Quand partez-vous ? Je n’ai pas très bien entendu la réponse,
-La réponse est : je vous quitte immédiatement pour discuter avec Vienna et ses enfants. Je reviens ici même dans une heure et demi et j’espère que vous serez toujours là. See you.
Michel Costadau
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