A la lecture de l’article du Monde « Sivens la gendarmerie dédouane ses hommes » je suis sidéré par la nouvelle erreur politique que représente cette prise de position. De quoi s’agit-il ?
Le 25 octobre dans la nuit, un gendarme tue un manifestant par le tir d’une grenade offensive. C’est une bavure, c’est à dire un acte dont le résultat est en contradiction avec l’objectif. Apparemment là pour maintenir l’ordre ce sont les gendarmes eux-mêmes qui créent le désordre. D’ailleurs la bavure est tellement gigantesque que tout s’est arrêté depuis.
Quand on fait une telle bavure la seule attitude humainement et politiquement admissible est de faire profil bas. C’est à dire chercher à comprendre, voire expliquer comment cette lamentable erreur a pu se produire. Dans ces conditions on aurait compris qu’on parle de responsabilités partagées, de soutien moral du tireur, de fatigue.
Mais non voilà qu’une enquête parallèle à la justice (eux disent enquête interne) tente d’expliquer que le tir a été fait dans le respect des conditions techniques dans lesquelles un tel tir doit être effectué. On ne rêve pas, c’est dans l’article. La conclusion s’impose, ce gendarme meurtrier doit recevoir des félicitations. Il a reçu des ordres, il a très bien tiré, il n’a pas visé Rémi, il a visé ailleurs. Il n’est donc pas responsable car c’est le destin qui a appuyé sur la gâchette.
Si les politiques voulaient donner une nouvelle preuve qu’ils se moquent de la justice, ils ne pouvaient pas mieux trouver.
D’abord ils se jouent des lois sur l’eau, ensuite ils ignorent les rapports des naturalistes, ensuite encore ils ignorent les enquêtes d’utilité publique, ensuite toujours ils cherchent à discréditer les opposants aux travaux et maintenant ils dédouanent leurs gendarmes.
Cherchez l’erreur. C’est facile, ils ignorent la justice. Au propre et au figuré.
Maintenant trente secondes pour rappeler que notre démocratie repose sur un tabouret a trois pieds. Le législatif fait la loi, l’exécutif la met en œuvre et le judiciaire dit si elle a été bien appliquée. Seulement pour l’exécutif le judiciaire c’est embêtant, ça pose des questions, ça demande des justifications, ça n’aime pas les ententes entre petits copains et en plus c’est lent. Alors l’exécutif cherche et réussit la plus part du temps à éliminer le judiciaire.
Seulement sans le judiciaire notre société n’est plus une démocratie et je ne sais pas comment ça s’appelle ; mais en tous cas on y est.
Michel Costadau
Article du monde Publié le 03 décembre 2014 à05h16 – Mis à jour le 19 août 2019 à 14h07
Billet écrit le 22 mars 2015
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