Je suis obligé de revenir sur Sivens parce que ceux que la justice vient de désavouer publiquement, en particulier le CG81, essaient de ne pas se sentir visés par ces jugements accablants.
Par exemple, pour Carcenac, le jugement n’a pas été rendu sur le fond mais sur la dimension du barrage. C’est ridicule et honteux. Le fond pour lui c’est la hauteur de la digue et l’inondation de la vallée. Et ça la justice n’en a pas parlé. L’argument paraît recevable et pourtant il ressort de la plus évidente mauvaise foi. En effet, la justice ne se prononce que sur la conformité d’un projet avec la loi et jamais sur l’objet, le nombre de mètres cubes de la retenue dans notre cas.
La justice ne peut évidemment pas se mêler de dire quels sont les besoins en eau des agriculteurs ou quelle est la longueur d’une autoroute.
Dans le cas de Sivens, la justice a indiqué que la mise en œuvre du projet de barrage n’a pas respecté les lois françaises et européennes. On a déjà dit, en d’autres textes, que les porteurs du projet savaient pertinemment qu’ils ne respectaient pas la loi et essayaient de passer en force. Cette mauvaise foi explique leur attitude actuelle de déni de la justice. Bien sur le jugement aurait été le même s’ils avaient été de bonne foi. La justice est là pour ça.
Mais cela est une belle illustration qu’actuellement les politiques se croient au dessus des lois. De plus, Sivens fait ressortir la collusion qu’il y a entre les collectivités territoriales et les Sociétés d’Economie Mixtes, les syndicats intercommunaux ou les EPCI. On découvre soudain que ce sont les mêmes personne qui siègent des deux côtés de la table : côté donneur d’ordre pour attribuer de l’argent et côté réalisation pour le dépenser. Cette situation ouvre la porte à toutes les magouilles possibles et imaginables que l’on pourrait décrire comme de la corruption passive. C’est comme si vous choisissiez un architecte pour construire votre maison et que vous découvriez qu’il est aussi le chef d’entreprise de la société qu’il a retenue pour la construction. Vous diriez, à juste titre, c’est pas du jeu. Eh bien les politiques font ça ouvertement depuis longtemps.
La question devient alors : comment se protéger des politiques ? Hélas il n’y a pas de solution parce que beaucoup de gens croient encore que les politiques sont le symbole de la démocratie. Vous savez, dans les entreprises, pour éviter que les employés occupent de plus en plus de place, c’est-à-dire de m², on fait des déménagements tous les 6 mois. Comme ça tous les documents, objets, décorations diverses, accumulés par l’employé sont jetés, car effectivement inutiles. L’accumulation est une tendance humaine naturelle et c’est ce que font les politiques. Ca fait maintenant trop longtemps qu’ils ont dépassé, contourné, déformé l’esprit de la démocratie. Un déménagement s’impose.
Michel Costadau
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