J’ai un immense sentiment d’impuissance, je sais ce qui se passe et je ne peux pas l’arrêter. C’est comme un mauvais rêve. Oh ce n’est pas le virus qui me pose problème. Oh non, parce que le métier de la terre vous apprend vite l’humilité et la modestie face à la nature. Quand on voit jour après jour ses cultures se flétrir et se sécher sous l’effet de la chaleur et disparaître ainsi toute promesse de récolte, on peste, on hurle mais on accepte l’inévitable.
Et, actuellement, il y a beaucoup de victimes inévitables. A vrai dire certaines auraient pu, et pourraient encore être évitée c’est sûr, mais nous sommes sur un bien mauvais chemin.
En fait le virus disparaîtra tout seul ou bien il deviendra une maladie moderne de plus comme le cancer, le diabète ou la grippe.
Non l’impuissance qui me mine c’est celle de la fascisation du pouvoir et c’est cela que je voudrais stopper. Je rêve de révolte populaire contre la suppression de notre vie sociale et familiale. Je rêve de résistance à ces déploiements de forces policières. Je rêve et je me retrouve seul, seul à vouloir montrer ma colère, seul à défier ces fascistes, mais surtout seul à dire : ça suffit.
Mais comment faire quand tout le monde ou presque est dans la spirale d’une peur auto-imposée. En fait c’est chacun qui se fait son propre cinéma puisque les contacts que vous évitez sont exclusivement avec des gens sans le moindre virus et donc ne nécessitant aucune protection. Vous allez me dire qu’on ne sait pas et qu’il y a peut être un porteur tout près de vous. C’est ce « on ne sait pas » qui est catastrophique. Je sais, je sens que ce « on ne sait pas » est sciemment entretenu par nos dirigeants, parce que si on savait, d’une part on pourrait agir plutôt que de subir et d’autre part la peur auto-entretenue disparaîtrait.
A vrai dire je ne suis pas seul à penser ainsi, car je reçois des textes montrant que d’autres aussi, que je ne connais absolument pas, ont des analyses pertinentes, comme Valérie Bugault, Romaric Godin et d’autres. Mais même si on était 10 ça ne changerait pas grand-chose.
Je me demande où sont nos partis politiques, nos syndicats, nos organisations pour au moins dire, au moins manifester leur opposition aux modes de fonctionnement de nos dirigeants. Où sont-ils, c’est maintenant que l’on en a besoin, pour organiser la résistance, pas demain mais aujourd’hui. A quoi sert de vouloir régler ses comptes plus tard quand le mal sera fait.
Pourtant je vois bien qu’il y a un fond de résistance. C’est-à-dire de personnes qui soit bravent les interdictions, comme les jeunes, soit surtout ne respectent pas les recommandations, à commencer par les clients des magasins qui n’ont ni masques ni gants ni distances, voire qui se donnent rendez-vous au super pour tailler une bavette. Sans conséquences d’ailleurs.
Néanmoins, je rumine ma haine de ces dirigeants qui, sous prétexte de vouloir notre bien, nous mettent dans des situations inhumaines. Je suis persuadé qu’ils ne se préoccupent pas du tout des décès, des souffrances et des séquelles, non la seule chose qui les occupe c’est comment garder le pouvoir, comment continuer ce régime de productivisme acharné dont nous sommes les seules victimes, les victimes vivantes, courbées, rampantes. Et en ce moment ils se sont ouvert un boulevard, rassemblements interdits, drones de surveillance, amendes et flicage, ça roule pour eux.
Alors je passe en boucle cette journée du 22 aout 1914 ou il y a eu 27 000 victimes françaises, oui en un seul jour. Tout le monde le sait ou l’a su mais l’a oublié ou ne l’a pas cru. Nos dirigeants sont capables de ça. C’est effarant. Et nous nous ne sommes capables que de mourir en silence.
Alors c’est vrai, ça suffit.
Michel Costadau
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