RIC en toutes matières. Ce slogan des GJ collé sur les panneaux routiers est un super révélateur sur ce mouvement et sur notre société.
Sur ce mouvement car RIC est le cri des sans grades n’ayant jamais droit à la parole. Celle de ceux qui n’ont rien à perdre parce que quand on est au bas de l’échelle on ne pas descendre plus. En fait ce n’est pas une demande de référendum, c’est une demande d’exister.
Sur notre société, parce qu’il ne devrait pas y avoir de référendums. La notion de référendum est née de la dichotomie entre la population et sa représentation. Quant une société a des élus en réelle représentation des électeurs et en communication avec eux, il n’y a aucun besoin de consulter la population toutes les 5 minutes, par sondage, référendums ou débats.
On explique.
Il m’apparait de plus en plus clairement que le mouvement GJ est un mouvement de type révolutionnaire. Il ne s’agit pas de bourgeois ou des classes aisées mais plutôt du bas de l’échelle. Il ne semble pas guidés par des intellectuels ou des éduqués. C’est le genre révolte spontanée, c’est à dire inspirée directement par des conditions de vie jugées insupportables. Certes nous ne sommes pas au Tchad et les conditions désastreuses dont je parle ne sont pas du même registre que dans les pays déshérités et dévastés par la colonisation. Chez nous les conditions révoltantes s’appellent manque de moyens financiers, déclassement social, ballotage continuel dans le travail, à l’école, dans le logement, absence totale de perspectives pour s’en sortir, fragilité éducative, idéologique et répression continuelle parce qu’il est plus facile de taper sur les faibles que sur les puissants.
Et d’un seul coup ils prennent conscience de leur nombre, c’est-à-dire découvrent qu’ils ne sont pas des cas isolés mais bien une partie significative de la société.
Autre marqueur important, la phobie des délégués, des dirigeants, des représentants. C’est typiquement révolutionnaire. Parce que vouloir être écouté ne passe pas par des négociations entre mandataires, mais par la suppression immédiate des barrières installées par le pouvoir. Les réseaux sociaux ont remplacés les barricades.
Quant au référendum, vous savez ce que j’en pense ça a la forme, le gout et l’odeur de la démocratie mais c’est de la com. Ca a toujours été utilisé par ceux au pouvoir soit pour un plébiscite : Afrique, De Gaulle, Merkel, Poutine, soit pour trouver une porte de sortie honorable : De Gaulle, Cameron, Renzi, soit pour bluffer la population : De Gaulle, Mitterand, Chirac et indirectement Sarkozy. Le référendum est la mesure de la distance entre la population et sa représentation. Et cette distance est grande comme nous le montrent les anglais en ce moment. Moins les élus sont représentatifs et plus ils utilisent les bouées référendaires. Jusqu’à une certaine limite puisque depuis le referendum raté de Chirac et son contournement par Sarkozy plus aucun referendum n’a été organisé chez nous. Par contre, tellement il y a d’écarts entre les élus et les électeurs que touts les élections deviennent des référendums, cqfd.
Il faut aussi ajouter que notre histoire récente n’est que celle de la trahison de la représentation. Aussi bien celle des mouvements de rue que celle des élus. Les délégués ont toujours cherchés à faire marcher le système et non à représenter les sentiments, les demandes, ou la colère de la population.
Une révolution moderne c’est quand le système se réforme tout seul sous la pression des révoltés. Mais depuis un moment seules les révoltes des riches ont été entendues.
Moi je dis chacun son tour.
Michel Costadau
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