A la question : mais qu’est-ce que l’homme fait donc sur terre, je réponds, d’abord, en disant que la question est mal posée. Pourquoi, eh bien parce que l’homme tout seul ça ne veut rien dire. L’homme est seulement une des composantes du vivant. Le vivant c’est tout ce qui a trouvé un moyen de se reproduire. Et les moyens ne manquent pas. Le contraire c’est la matière inerte, ce qui est un pléonasme d’ailleurs. Les montagnes, pas plus que les étoiles ou les téléphones, ne se reproduisent pas.
Nous faisons donc partie du vivant, nous en sommes indissociables, c’est une des prises de conscience essentielle que l’humanité fait en ce moment.
Nous sommes, simplement, le produit du temps et de l’évolution qui ont petit à petit mis en place le vivant sur la terre et nous sommes seuls dans l’univers, seuls vivants dans un monde minéral. Cela dit, nous ne sommes pas les premiers et peut-être pas les derniers.
Cependant le vivant a deux gros défauts : le premier c’est que ça meurt et le second c’est que ça mange. Pour le premier on verra ça plus tard. Le second défaut a une particularité c’est que le vivant mange du vivant et s’il ne mange pas il meurt. C’est de l’autoconsommation si vous voulez. Le vivant ne se nourrit pas de pierres, mais de matière organique. Du coup nous découvrons avec stupeur que les végétariens sont exactement comme les carnassiers parce qu’un mouton n’est pas plus ou moins vivant qu’une salade ou des champignons. Ce sont, comme nous, des représentants de notre règne. Quand aux poissons, je ne comprends pas que dans l’alimentation on les distingue des lapins ou des poulets, car les poissons sont une grosse partie du vivant et nous avons sûrement des ancêtres communs.
Ce qui saute aux yeux c’est la luxuriance du vivant, c’est un feu d’artifice d’essais divers et variés en forme, taille, locomotion, solutions astucieuses, alimentation, reproduction, couleurs, qui continue à se produire sous nos yeux. Mais cette richesse ne nous appartient pas, elle n’est pas à nous, comme si on pouvait en faire ce que l’on veut. C’est le contraire, c’est nous qui dépendons d’elle. Le vivant c’est notre garde-manger, alors la plus grande attention s’impose. De plus, en tant qu’organisme élaboré, nous sommes composés de tas d’autres organismes vivants. Redoublement d’attention.
Et donc, par évidence, détruire inutilement du vivant c’est nous tirer une balle dans le pied et ça fait mal croyez-en ma propre expérience.
Heureusement la loi de la jungle n’existe pas, il n’y a que des équilibres variables et évolutifs. Pourtant il me semble qu’aujourd’hui il y a quelques écarts dans les équilibres. Ce n’est pas tellement le nombre de poulets ou de souris de laboratoire qui pose problème, c’est l’esprit dominant de certains qui est inquiétant. L’homme n’a pas inventé le vivant, loin de là, il l’a seulement trouvé en cours de route. Alors faire croire que l’homme a une puissance sans limite ayant le droit de vie et de mort sur tous les autres représentants c’est vraiment inconscient.
S’il y a bien quelque chose dont nous devons être conscients c’est de notre fragilité et de notre totale solidarité avec le vivant.
Oui je sais, je n’ai pas encore répondu à la question mal posée du début, ce sera pour une autre fois.
Michel Costadau
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