Clairement ce sont les électeurs britanniques qui ont voté la sortie du marché commun, leur propre sortie on pourrait dire. Mais bien évidemment le soir du vote rien n’était fait. Parce que ce n’était pas encore une décision, c’était juste une indication ou plutôt une intention. Car pour la mise en œuvre, pour le passage à l’acte, la population n’a strictement plus rien à voir parce que ce sont les politiques qui sont à la manœuvre.
Et ça m’interroge grandement. D’abord je trouve qu’il est assez difficile de savoir ce que voulait vraiment la population, quelles étaient ses attentes en votant, et donc quelles étaient les demandes à satisfaire. Non pas que la réponse soit alambiquée, c’était comme d’habitude oui ou non, mais parce la réponse recouvrait une montagne de motivations différentes. Et s’il y a plusieurs raisons qui ont poussé les électeurs à choisir une réponse, eh bien ces raisons ne s’ajoutent pas. Au contraire elles s’affaiblissent mutuellement car ça veut dire qu’il n’y a aucune expression populaire commune forte, mais seulement une conjonction de sentiments.
Vous allez me dire que c’est le cas à chaque référendum puisqu’il ne s’agit pas de voter pour quelqu’un, ce qui semble plus simple, mais pour des modifications de textes.
Vous avez raison et ça ne m’interroge qu’encore plus, parce qu’il y a beaucoup de façons de modifier des textes.
D’ailleurs très souvent les référendums sont en fait des questions de confiance posées par une personne qui veut augmenter son pouvoir. Et la réponse consiste en le départ ou le maintien de la personne. Mais il y a des cas où le départ de la personne ne résoud rien, et c’est précisément le cas qui nous occupe.
En résumé le problème est le suivant : muni d’une indication populaire, que va faire la classe politique chargée de de sa mise ne œuvre. La réponse est connue : elle ne défend que ses propres intérêts. En effet les seuls qui ont un accès direct à eux sont les lobbies, les riches et autres puissants. Ce qui veut dire que les intérêts des électeurs passent au second plan. En effet dans cette phase, les politiques interprètent le vote selon leurs idées mais sans consulter personne. En fait l’indication populaire est seulement pour eux une possibilité de faire évoluer les choses dans leur sens. C’est comme si on leur donnait un nouvel espace pour continuer leur progression.
A nouveau vous allez me dire : mais les électeurs voient bien les manœuvres du pouvoir, ils ne sont pas dupes. Certes les électeurs ne sont pas dupes mais comme leurs motivations étaient disparates au moment du vote, ils ne réagissent pas à ces détournements d’intérêts car ils sont divisés. Ils laissent faire car chaque groupe de motivation est faible par rapport au pouvoir en place.
Alors est-ce que les référendums, champions de l’expression populaire, panacées de la démocratie ne sont finalement que des pièges ? Ben oui. C’est exactement ça.
Le système fait toujours et tout le temps ce qu’il veut. Et nous n’y pouvons rien. Seule la représentation populaire devrait avoir le pouvoir, et pour mieux représenter les électeurs il leur faudrait être plus nombreux, beaucoup plus nombreux. Aïe !
Michel Costadau
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