Une fois résolu le problème des clés il en reste bien d’autres dans le domaine du rangement. En particulier le problème de la place. Vous connaissez sûrement le théorème qui dit : les objets ont tendance à occuper tout l’espace disponible d’une habitation. Et il n’y a que deux manières de contourner cette loi : ne mettre strictement rien, ce qui donne ces appartements aux pièce vides dans lesquelles la télé paraît gigantesque, mais où l’on a du mal à se sentir bien parce qu’on se croirait dans un musée, ou alors réduire et limiter l’espace. Ce qui veut dire habiter petit, sans dépendances, ni hangars, ni greniers, ni combles, ni cabanes et c’est la solution recommandée. A ceux qui ont l’impression que l’on pourrait, du coup, se sentir à l’étroit, je me permets de faire remarquer que les objets vraiment utiles sont en très petit nombre, et que le reste : tondeuse à réparer, bobine de cuivre de récupération, fauteuils fragiles et trop bas pour pouvoir se relever mais venant de sa tante, canne à pêche qui n’a jamais servi sont purement et simplement des encombrants qui ne trouvent une place que parce qu’il y en a en trop. C’est clair.
N’oublions pas que nous sommes une minable société de consommation dont la plus grande partie est complètement inutile. Mais continuons.
Dans « l’art de rendre l’action efficace », après le rangement nous avons évoqué l’interruption et la réflexion. L’interruption est une notion double puisqu’elle concerne aussi bien le fait d’être interrompu pendant que l’on fait quelque chose, genre livraison d’une commande pendant qu’on est sous la douche, que le fait d’arrêter à temps une action qui part en quenouille. Cette affaire de comment se rendre compte que l’on est en train de se fourvoyer et de la prise de décision d’arrêter les dégâts, est de la plus grande importance tant il est souvent difficile de distinguer la persévérance de l’obstination. Et ça concerne aussi bien la poursuite d’un boulot ou d’une tâche qui nous sort par les yeux que le projet de construire une table finalement trop grande pour la pièce où l’on veut la mettre….et qu’il aurait mieux valu ne pas commencer. Souvent ce genre de situation est créé par une décision impulsive prise avec un certain courage et du style passage à l’acte mais manquant de maturité. Allez je vais tailler les arbres, ah bon. Allez je vais isoler les fenêtre, ah bon, allez je vais changer le tuyau du gaz, aïe. Il y a des gens qui font ça très bien pour un prix somme toute modique par rapport à la galère générée. Quand au fait d’être interrompu pendant que l’on fait quelque chose, ça se gère avec la notion que tout ce qui est fait n’est plus à faire. Ce qui veut dire qu’il faut en général accepter les interruptions, en particulier dans le travail de bureau. Si quelqu’un vient vous voir ou vous téléphone pour traiter un problème, faites une rapide priorisation et acceptez de vous interrompre. La raison en est que si vous reportez le problème à étudier, la prochaine fois ça tombera peut-être encore plus mal, ce sera reporté et voire jamais fait. L’erreur classique est de refuser l’interruption au prétexte que l’on est occupé, qu’on n’a pas le temps et que c’est important. Soyez lucides, il est extrêmement rare que vous soyez vraiment en train de faire un truc important, alors soyez disponible c’est plus réaliste. Mais le temps passe et pour ce qui concerne la réflexion, on verra ça la prochaine fois.
Michel Costadau
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